Un détour à Stockholm

Après une escapade à Copenhague, la capitale danoise, voici un nouveau détour au-delà des frontières de la Norvège, à Stockholm, la capitale de la Suède. Avec plus de 900 000 habitants, elle est la plus grande ville de Scandinavie. Fondée au XIIIe siècle par Birger Jarl, un seigneur suédois, elle est bâtie sur un archipel bordé par la mer Baltique à l’Est et les eaux du lac Mälaren à l’Ouest. Ses différents quartiers sont ainsi chacun établis sur une île et reliés les uns aux autres par un réseau de nombreux ponts. Capitale du royaume depuis 1419, la ville a également été, du moins en partie, celle de la Norvège du temps de l’union entre les deux pays de 1814 à 1905.

Dès 1521 et l’avènement du roi Gustave Ier Vasa, Stockholm et la Suède deviennent d’importants lieux de pouvoir en Scandinavie et en Europe en général. La ville s’agrandit et évolue encore au cours des siècles suivants, jusqu’à prendre son visage actuel. Moderne et cosmopolite, riche culturellement et historiquement, elle est un modèle quant à ses efforts dans la protection de l’environnement et la qualité de vie qu’elle offre à ses habitants.

Cœur battant de l’archipel de Stockholm, le centre historique de la ville se situe sur l’île de Stadsholmen et porte le nom de Gamla stan, soit la « vieille ville ». Ses ruelles étroites et pavées sont dominées par de vieilles bâtisses aux façades colorées, où se sont désormais installés des cafés, des restaurants et des boutiques en tous genres, ainsi que le Musée Nobel (Nobelmuseet). C’est ici aussi que le Palais Royal (Kungliga slottet) a été érigé, résidence officielle des monarques suédois et donc du roi Charles XVI Gustave (Carl XVI Gustaf), l’actuel souverain depuis 1973. Datant de la première moitié du XVIe siècle, il est de style baroque et est régulièrement le cadre de cérémonies de la garde royale, notamment lors de la relève.

Gamla stan, la vieille ville de Stockholm
Le Palais Royal de Stockholm

Juste à côté de Stadsholmen se trouve une plus petite île : Riddarholmen. Faisant partie de Gamla stan, elle abrite l’église de Riddarholm (Riddarholmskyrkan). Construite dès 1270 et achevée en 1858 avec l’ajout d’une dernière chapelle, elle est la nécropole des souverains suédois et accueille les sépultures de rois, reines, princes et princesses du XVIIe jusqu’au début du XXe siècle. Depuis 1922, la famille royale a choisi un autre lieu d’inhumation au cimetière royal de Haga. Par conséquent, sa longue histoire lui confère un style hétéroclite, dominé cependant par le gothique. A côté de l’église, la ville rend hommage à son fondateur, Birger Jarl, en érigeant sa statue au sommet d’une colonne.

L’église de Riddarholmen

Au Nord de Gamla stan, à proximité du Palais Royal, se trouve sur l’îlot de Helgeandsholmen le palais du Riksdag (Riksdagshuset), où siège le parlement suédois. Construit entre 1897 et 1905 dans un style néobaroque, il est l’antre de la démocratie suédoise, considérée comme une des plus performantes du monde. Il est en réalité constitué de deux bâtiments, séparés l’un de l’autre par la rue Riksgatan, laquelle traverse deux portes monumentales qui donnent l’impression que les deux palais n’en forment qu’un seul. Monarchie constitutionnelle depuis 1866 et le règne de Charles XV, la Suède suit un modèle politique comparable à celui de ses voisins danois et norvégiens.

Toujours dans le domaine politique, l’hôtel de ville de Stockholm (Stadshuset), qui se situe à la pointe Sud de l’île de Kungsholmen, en face de Gamla stan, loge dans un bâtiment édifié entre 1911 et 1923. Construit en briques et inspiré, entre autres, de l’architecture de la mairie de Copenhague, il s’inscrit dans un style romantique national, lequel réinterprète les modèles de palais médiévaux gothiques en briques présents tout autour de la mer Baltique. Au sommet de sa tour haute de 106 mètres, se dressent trois couronnes dorées, lesquelles reprennent le symbole national des « Tre Kronor » (littéralement, les « trois couronnes »), omniprésent dans la culture populaire suédoise. C’est aussi dans son hall qu’est organisé tous les ans au mois de décembre le banquet suivant la remise des prix Nobel. Enfin, un monument en l’honneur de Birger Jarl, le père de la ville, y est adossé, où on peut le voir gisant et tout vêtu d’or.

Ouvert au public, notamment par la Cour des citoyens, ou Borgargården, on y admire les eaux du lac Mälaren, lesquelles forment un large canal appelé Riddarfjärden. Celui-ci s’étire à l’Ouest de la ville, où il sépare les îles de Kungsholmen et Södermalm, surnommée « le quartier le plus cool » de Stockholm, et baigne la partie occidentale de Gamla stan.

Mais s’il est un lieu très apprécié des Stockholmois, c’est sans nul doute le parc de Kungsträdgården, situé tout près de Gamla stan, dans le quartier d’Östermalm. Son nom signifiant « le verger du roi », on y organise des concerts et des spectacles l’été et y installe une patinoire en hiver, sous le regard de la statue du roi Charles XII. Mais c’est au mois de mai particulièrement que ce petit parc prend ses plus belles couleurs, lorsque, comme si l’on voyageait au Japon, les cerisiers sont en fleurs. Plantés de part et d’autre d’un bassin rectangulaire, ils se parent d’un magnifique manteau rose, que les habitants se pressent d’aller admirer tout au long de la journée.

Quant au quartier d’Östermalm, il constitue la partie Nord-Est de Stockholm. C’est un quartier élégant et huppé, où se trouve la plupart des institutions de la capitale. Réorganisé à la fin du XIXe siècle d’après un nouveau plan d’urbanisation, on y retrouve aujourd’hui de nombreux restaurants et hôtels chics, ainsi que plusieurs musées et théâtres, tels que le Musée National (Nationalmuseum) et son importante collection d’œuvres d’art, l’Opera (Operan) et le Théâtre dramatique (Dramatiska teatern). On peut également faire un tour au marché couvert (Östermalms Saluhall) et découvrir des produits de qualité venus des quatre coins de la Suède mais aussi du monde entier, le tout dans un décor enchanteur.

Ville verte, Stockholm dispose de nombreux parcs, dont plusieurs sont à Östermalm. L’un des plus grands est celui de Kungliga Humlegården, lequel sert d’écrin à la Bibliothèque royale (Kungliga biblioteket), tandis que le parc de l’Observatoire (Observatorielunden), perché sur une colline, offre une jolie vue sur la capitale suédoise. Toutefois, le plus vaste s’étend à l’extrémité Est du quartier (Ladugårdsgärdet) et accueille par exemple le Musée de la Technologie (Tekniska museet) et le Musée Ethnographique (Etnografiska museet).

Le parc de Kungsträdgården

Cependant, le véritable poumon vert de Stockholm est à Djurgården, sur l’île du même nom, dans la partie Est de la capitale. La majorité de l’île, grande de 279 ha, est recouverte d’une forêt, où il n’est pas rare de voir gambader des animaux, tels que des chevreuils. D’ailleurs, son nom signifie en suédois « le parc des animaux ». De plus, entre 1823 et 1826, le roi Charles XIV Jean y a fait construire le palais de Rosendal (Rosendals slott), une petite dépendance reconvertie en musée en 1913. Bâti dans un style Empire, il ne fait pas oublier que le roi, de son vrai nom Jean-Baptiste Bernadotte, était un général puis maréchal de Napoléon Ier, avant de se fâcher avec l’Empereur et d’être choisi par le roi de Suède Charles XIII comme son successeur. Il est le fondateur de la dynastie suédoise actuelle.

A quelques pas du palais, le jardin de Rosendal (Rosendals trädgård) est un écrin coloré. C’est aussi un marché où les Stockholmois viennent acheter des plantes en pots, des fleurs et des graines à semer, ainsi qu’un café et un restaurant proposant aux clients des produits frais issus du jardin lui-même.

Le palais de Rosendal

Mais Djurgården est surtout célèbre pour ses musées. Le plus connu d’entre eux, le Musée Vasa (Vasamuseet), abrite l’épave du bateau du même nom. Ce dernier, qui a coulé le 10 août 1628 dans le port de Stockholm pour son voyage inaugural, est le plus grand navire jamais conçu ainsi que le mieux conservé du XVIIe siècle. En 1961, près 333 ans passés au fond de la mer, le vaisseau a été renfloué puis conservé à l’emplacement du musée.

Construit par le roi Gustave II Adolphe de Suède, il devait être le fleuron de sa flotte. Baptisé du nom de la maison royale de Vasa, il était long de 69 m et fort de 1 400 tonneaux. Orné de centaines de sculptures ciselées et colorées, il était également doté de trois mâts et armé de 48 canons. Malheureusement, celui qui devait terroriser les navires ennemis sur les mers du monde a sombré dès son premier voyage, devant l’îlot de Beckholmen, sans avoir eu le temps de quitter le port de la capitale suédoise. Son funeste destin était probablement dû à une mauvaise conception, ce qui l’a fait chavirer très rapidement.

Aujourd’hui, le Vasa est à l’abri des éléments qui avaient jadis causé sa perte. Constitué à 98% de ses pièces d’origine, il a longuement bénéficié d’un traitement contre la dégradation de sa coque grâce à la projection de glycol. Ce produit a ainsi empêché le bois de se désagréger en séchant. Cependant, le plus gros problème vient de l’acide sulfurique contenu dans le bois et causé par les toxines présentes dans l’eau lors de son séjour au fond du port avant son renflouement. Les responsables de sa conservation continuent d’ailleurs de chercher des solutions afin de le préserver le plus longtemps possible. En revanche, les micro-organismes, présents en très petite quantité du fait de la pollution de l’eau, l’ont épargné. C’est ainsi que le vaisseau a pu être retrouvé dans un très bon état général.

Et bien que toutes ses couleurs aient été effacées par le temps, la grande majorité de ses pièces a survécu jusqu’à nous. Ses sculptures ont été copiées et colorées telles qu’elles étaient à l’origine et sont exposées au musée. Une partie du pont-batterie a également été reproduite. De plus, parmi la trentaine de victimes noyées lors du naufrage, quelques squelettes ont été retrouvés dans l’épave, dont celui d’une femme. Le musée leur a alors imaginé un visage et trouvé un nom.

Le paradoxe du Vasa est que, s’il n’avait pas coulé dès son premier voyage, il n’aurait jamais survécu jusqu’à aujourd’hui. Car comme tous les navires de son époque, il aurait certainement sombré au cours d’une bataille ou été démantelé après des années de service.

La maquette du Vasa

L’autre musée le plus célèbre de Djurgården est le Musée Abba (Abba museet). Ouvert en 2013, il est consacré au plus grand groupe disco de l’histoire. Fondé en 1971 à Stockholm par Agnetha Fältskog, Benny Andersson, Björn Ulvaeus et Anni-Frid « Frida » Lyngstad, il a conquis la planète entière par sa musique entraînante et ses costumes excentriques et continue de faire danser des millions de fans à travers le monde. Ce que l’on appelle l’Abba-mania n’est pas près de s’arrêter.

Motivé par cet engouement, le musée retrace l’histoire du groupe, en commençant par les débuts des quatre membres. Ayant déjà une carrière musicale chacun de leur côté avant de se rencontrer, ils ont d’abord été deux couples, Agnetha et Björn et Benny et Anni-Frid. Sous l’influence du producteur Stikkan Andersson, ils décident de former un groupe. Les initiales de leurs prénoms allaient bientôt lui donner son nom : ABBA.

En 1974, ils atteignent la consécration mondiale en remportant le Concours Eurovision de la chanson avec le titre « Waterloo ». S’ensuit une carrière riche de 400 millions d’albums vendus et des tubes inoubliables tels que « Money, Money, Money », « Dancing Queen », « Fernando », « Mamma Mia! » ou encore « Gimme! Gimme! Gimme! ». Le groupe se sépare en 1982 après les divorces des deux couples.

Cependant, leur musique ne cesse de vivre avec la création en 1999 de la comédie musicale « Mamma Mia! » puis l’adaptation de deux films en 2008 et 2018. Enfin, en 2021, le groupe se reforme à l’occasion de la sortie d’un nouvel album, quarante ans après le dernier. Et s’ils ne se produisent plus sur scène, ce sont leurs avatars en hologrammes, baptisés les Abba-tars, qui le font pour eux.

Au musée, on admire leurs tenues de scène, leurs disques d’or et même leurs statues de silicone plus vraies que nature. On peut chanter en karaoké dans la reproduction d’un studio d’enregistrement, découvrir les secrets de tournage de leurs clips, réalisés par Lasse Hallström, et devenir le cinquième membre du groupe, entouré sur scène de leurs hologrammes. Et après avoir écouté dans un juke-box quelques uns de leurs meilleurs titres, on en apprend plus sur la suite de leur carrière, comme celle d’Agnetha en solo ou celle de Benny et Björn en tant que producteurs prolifiques. Enfin, un jeu interactif permet de se mettre dans la peau d’un chef d’orchestre.

Les tenues de scène d’Abba lors du Concours de l’Eurovision (répliques et originales présentes au musée)
Statues en silicone des membres du groupe Abba

Toujours à Djurgården, se trouvent encore le Musée Nordique (Nordiska museet), sur l’histoire de la Suède, le Musée Viking, le Musée de Biologie (Biologiska museet) et l’Ecomusée de Skansen, qui reproduit des habitations typiques suédoise et abrite un parc zoologique. Quant au Gröna Lund Tivoli, c’est un parc d’attractions inspiré des Jardins de Tivoli à Copenhague.

Enfin, entre Gamla stan et Djurgården se situent deux autres petites îles : Skeppsholmen et Kastellholmen. Sur la première, on peut visiter le Musée Est-Asiatique (Östasiatiska museet), avec sa collection d’art asiatique traditionnel, le Musée d’Art Moderne (Moderna museet), qui expose entre autres des toiles de Picasso, et le Musée de l’Architecture (Arkitekturmuseet), un centre sur l’architecture et le design. Sur la dernière, se dresse un petit château du XIXe siècle (Kastellet), d’où son nom.

Le château de Kastellholmen

Stockholm étant construite sur un archipel, il existe des liaisons régulières en bateau entre les îles principales de la ville. Ainsi, le Redboat fait une boucle entre le Palais royal, le quai de Nybroplan, le Musée Vasa, l’île de Skeppsholmen, le parc de Gröna Lund Tivoli, le port de Södermalm, le Musée de la Photographie (Södermalm) et la vieille ville de Gamla stan. De plus, de nombreuses croisières partent vers les îles de l’Est, où les Stockholmois aiment venir de retirer dans des lieux de villégiatures au charme indéniable.

Et même s’il est facile de visiter l’essentiel des incontournables de la ville à pied ou à vélo, les réseaux de bus et de métro sont bien développés. Comme dans toutes les grandes villes scandinaves, il y a peu de trafic automobile, notamment grâce aux politiques de restriction d’accès au centre-ville. La qualité de vie y est ainsi parmi les meilleures au monde.

Visit Sweden – Office de tourisme de la Suède

Visit Sweden – Stockholm

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