Edvard Grieg, le virtuose de Bergen

Dès maintenant, une nouvelle série débarque sur ce site. Au gré de mes pérégrinations, j’ai croisé de nombreuses grandes figures de l’histoire et de la culture norvégiennes. Du moins, sous forme d’hommage : statues, musées, sépultures… Et à en croire mon sondage la Norvège vue par les Français, peu d’entre elles ont marqué nos compatriotes malgré leur aura internationale. Pour commencer, c’est du musicien Edvard Grieg dont vous allez découvrir la vie et le parcours, lequel a sa statue sur Festplassen, au centre de Bergen.

Destins norvégiens, Episode 1 : Edvard Grieg

Né à Bergen le 15 juin 1843, Edvard Hagerup Grieg grandit dans une famille de musiciens. Sa mère, Gesine Judithe Hagerup, était pianiste et lui donna ses premières leçons de piano dès l’âge de cinq ans. Leur répertoire préféré étant celui des classiques et des romantiques, ce furent Frédéric Chopin et Felix Mendelssohn qui inspirèrent le plus le jeune Grieg.

Quant à son père, prénommé Alexander et issu d’une famille d’ascendance écossaise (dont l’orthographe originelle était Greig), il était négociant et diplomate auprès du consulat britannique de Bergen. L’arrière-grand-père de Grieg avait quitté l’Ecosse pour s’installer en Norvège en 1770, tandis que son grand-père paternel était musicien à l’orchestre de Bergen.

En 1858, le violoniste norvégien Ole Bull, beau-frère de sa mère, lui conseilla de partir étudier au conservatoire de Leipzig, en Allemagne. Il n’avait alors que quinze ans lorsqu’il reçut les enseignements des grands maîtres de l’époque qu’étaient Reinecke, Wenzel et Moscheles. Il fut également marqué par des œuvres telles que le concerto pour piano de Robert Schumann, notamment son interprétation par Clara Schumann.

A la fin de ses études, il rentra en Norvège et donna en 1862 son premier concert à Bergen. Fort de riches connaissances d’instrumentiste et de compositeur, il était prêt à prendre en main sa carrière. Toutefois, atteint de pleurésie, il comprit qu’il souffrirait toute sa vie de troubles respiratoires.

Cela ne l’empêcha pas, en 1863, de partir pour Copenhague, au Danemark, où il rencontra les compositeurs danois Johann Hartmann et Niels Gade, mais aussi son compatriote Rikard Nordraak. Ce fut à son contact qu’il se prit de passion pour les chants populaires et les mélodies folkloriques du Nord. La musique traditionnelle norvégienne devint alors son credo, son inépuisable source d’inspiration.

En 1867, il épousa la cantatrice Nina Hagerup, laquelle était aussi sa cousine. L’année suivante, il devint père d’une petite fille, prénommée Alexandra. Malheureusement, elle décéda à l’été 1869 et le couple n’eut pas d’autre enfant. Quelques années plus tôt, en 1866, ce fut son ami Rikard Nordraak qui mourut à l’âge de 23 ans et pour lequel il composa une marche funèbre.

Fondateur de l’Académie norvégienne de musique à Oslo en 1867, il s’installa finalement dans la capitale. Son travail fut dès lors d’apprendre et de sublimer les mélodies traditionnelles de son pays. Il reprit les rythmes des danses folkloriques et s’inspira des sonorités d’instruments ancestraux tels que le violon du Hardanger. Assurant la direction de l’orchestre de la Société philharmonique d’Oslo, il composa de très nombreuses œuvres, dont des concertos, de la musique de chambre, des pièces lyriques et de la musique orchestrale.

Après sa rencontre avec Franz Liszt à Rome à la fin de l’année 1869, il entama une longue collaboration avec l’écrivain norvégien Bjørnstjerne Bjørnson, qui lui rédigea plusieurs livrets d’opéra. En 1872, il obtint la reconnaissance de l’Etat norvégien et reçut de ce dernier une belle rente. Il devint ainsi un ambassadeur artistique de la Norvège.

Ce fut en 1876 qu’il connut son plus grand succès grâce à la pièce Peer Gynt, écrite par le dramaturge Henrik Ibsen d’après des contes et légendes norvégiens et qu’il mit en musique. Si l’on allait oublier le nom de Grieg des années plus tard, la fameuse musique crescendo illustrant la fuite de Peer Gynt hors de l’antre du roi de la montagne allait rester dans les mémoires.

« Dans l’antre du roi de la montagne » interprété par l’Orchestre Philharmonique de Berlin

Fort de cette gloire, il voulut renouveler l’expérience avec un opéra signé par Bjørnson et intitulé Sigurd Jorsalfar, mais le succès ne fut, cette fois, pas au rendez-vous. Après avoir abandonné ce projet, il traversa une période de dépression, durant laquelle il se consacra uniquement au folklore. Il en profita pour retourner à Bergen en 1885 et s’installer dans une maison qu’il fit construire au Sud de sa ville natale. Il la baptisa Troldhaugen et y vécut avec son épouse tout en continuant à composer de nouvelles œuvres.

A partir de 1889, il fit de nombreuses tournées dans toute l’Europe, dont trois à Paris : de 1889 à 1890, en 1894 et en 1903. Ses représentations, surtout celles de Peer Gynt, furent à chaque fois un triomphe. Rentré en Norvège, il mourut le 4 septembre 1907 de la tuberculose, à l’âge de 64 ans, dans sa chère ville de Bergen. Définitivement indépendante vis-à-vis de la Suède deux ans plus tôt, la Norvège lui offrit tous les honneurs qu’il avait mérités.

Considéré comme un pianiste virtuose, il est souvent comparé à Chopin et vu comme un précurseur de l’oeuvre de Claude Debussy. Plus grand compositeur classique norvégien de l’histoire, il demeure aujourd’hui la principale figure nationale de la musique par son attachement aux mélodies et aux danses traditionnelles. Depuis 1995, sa maison de Troldhaugen est un musée dédiée à sa mémoire et son oeuvre, tandis que tout près de là, une salle de concerts érigée dès 1985 accueille régulièrement des artistes.

A suivre : Roald Amundsen, le maître des pôles

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