Suite de l’expérience du wwoofing en Norvège avec le moment tant attendu des récoltes. Les clients de l’exploitation maraîchère reçoivent une fois par semaine une cagette (photo en une) livrée directement chez eux. A l’intérieur, ils trouvent dix produits différents. Dans celles-ci, il y a une barquette de fraises, un bocal de baies de cassis, une botte de carottes, de la cébette, un bouquet d’aneth, un chou-rave, une salade, du chou kale, de la betterave et un chou blanc. Tous ces produits, gorgés de saveurs, ont grandi sous les latitudes de l’arctique dans des conditions parfaites pour un bon développement en pleine santé. Rien qu’en les regardant, on les croirait venir de contrées plus chaudes et plus ensoleillées. Et pourtant…
Les fraises, par exemple, ne semblent rien envier de leurs cousines espagnoles, souvent cultivées sous serre et dans des conditions artificielles, hors sol et à grands coups de gaz carbonique pour les faire rougir. Celles de Tromsø poussent les racines dans la terre et les feuilles au vent et arrivent à maturité colorées d’un beau rouge vif et bien goûteuses. Même pas besoin de les déguster en rajoutant du sucre, le naturel suffit.
En fait, pour en arriver à un tel résultat, les techniques de culture sont à la fois simples et ingénieuses, tout en respectant l’environnement. Comme engrais, les cultivateurs utilisent des algues, qu’ils enfouissent ensuite sous une couche de terre afin de former une buttée. Puis, après avoir recouvert le sol soit d’une bâche en plastique noir soit d’un paillage, les fraisiers sont plantés et leurs racines sont ainsi protégées du froid et le développement des mauvaises herbes est ralenti. Quant aux oiseaux, friands de fraises, les plus petits d’entre eux sont découragés par la profondeur des sillons entre les buttées. Incapables de se méfier du danger que sont les prédateurs lorsqu’ils sont en bas, ils s’abstiennent donc de venir se délecter de leurs fruits préférés. Autrement, de faux rapaces flottant comme des cerfs-volants ou de vraies hermines vivant dans les bois alentours assurent l’effarouchement des amateurs de fraises les plus téméraires.

Toujours concernant les fruits, la récolte du cassis bat également son plein. Les cassissiers sont chargés de ces petites baies noires, à consommer en confiture, comme ingrédients d’un gâteau ou bien natures. Quant aux légumes, tels les carottes ou les choux, on peut parfaitement les manger crus à peine cueillis et profiter de tous leurs bienfaits nutritifs. Ainsi, des tranches de chou-rave bien croquantes ne demandent rien d’autre pour être dégustées.
En général, chaque légume a sa façon d’être récolté. Il y a ceux que l’on met en botte, comme les carottes, les betteraves ou ces oignons verts qui ressemblent à de petits poireaux et que l’on appelle cébettes. Mais il y a aussi les choux kale, dont l’on ramasse les grandes feuilles frisées que l’on noue ensuite avec une ficelle pour former une sorte de bouquet. Les choux-raves, eux, sont coupés à la base et débarrassés de leurs feuilles pour ne garder qu’une boule verte, toutefois agrémentée d’un reste de verdure sur le sommet. Tous les légumes sont enfin lavés et parfois épluchés puis disposés dans des cagettes de la manière la plus attrayante possible, en veillant à ce que les diverses couleurs ressortent joliment et donnent envie aux consommateurs. L’agriculture biologique, n’importe où elle se pratique dans le monde, offre des sensations visuelles et gustatives incomparables, telle en est la preuve ici.

Une partie de la récolte qui n’est pas vendue peut être consommée directement par les wwoofeurs ou bien transformée, en particulier en confiture lorsqu’il s’agit de fruits ou en confit pour certains légumes. De plus, quelques « déchets » issus du ramassage peuvent être réutilisés, comme les racines des cébettes, lesquelles, lorsqu’elles sont grillées, ont un goût proche de celui de l’oignon frit. Le reste qui n’est pas consommable part nourrir les poules, qui n’en feront qu’une becquée. Rien ou presque n’est jeté.
Pour conclure, si vous souhaitez voyager sans trop dépenser, si vous avez envie de rencontrer des gens du pays et de vivre un instant avec eux, et si vous êtes intéressés par l’agriculture à taille humaine, raisonnée et respectueuse de l’environnement, le wwoofing est pour vous. En Norvège, il ne suffit que de quelques minutes hors des grandes villes pour se retrouver dans un petit coin de campagne, à la fois isolé et proche du milieu urbain. La nature est omniprésente, les paysages sont magnifiques et les habitants sont sympathiques. Au Nord comme au Sud, les possibilités d’hébergement sont nombreuses, alors tentez l’expérience…
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