S’il est moins reconnu que le cinéma suédois et danois, qui s’appuie sur une importante tradition filmique, le septième art norvégien a lentement grandi pour produire aujourd’hui de plus en plus de films à succès. Encore très loin d’égaler son voisin suédois, lequel a exposé au monde entier le talent du réalisateur Ingmar Bergman et des actrices Greta Garbo et Ingrid Bergman, il tente de rattraper son retard grâce notamment aux réalisateurs Joachim Rønning et Espen Sandberg et aux acteurs Aksel Hennie et Kristofer Hivju. Ceux-ci ont d’ailleurs également brillé à Hollywood devant et derrière la caméra.
A ses débuts, le cinéma norvégien se contente de productions nationales, basées sur les pièces de théâtre des auteurs locaux Henrik Ibsen et Bjørnstjerne Bjørnson. La première société de production norvégienne, la Christiania Film Co, n’est créée qu’en 1916, tandis que le premier studio de cinéma doit attendre 1936 pour sortir de terre, à Jar, près de Bærum, dans la banlieue d’Oslo. Encore au temps du muet, les œuvres les plus produites sont des drames paysans et des comédies populaires. Les romans de l’écrivain Knut Hamsun inspirent ainsi La Récolte (Markens Grøde), un film du Danois Gunnar Sommerfeldt en 1921, ou bien Pan, réalisé en 1922 par Harald Schwenzen. La création originale Madame visite Oslo (Madame besøker Oslo) de Harry Ivarson en 1927 marque le genre norvégien des années 20, lequel se poursuit avec l’arrivée du cinéma parlant. Les mélodrames folkloriques, qui sont très à la mode à l’époque, se voient adaptés sur grand écran dans un style plus recherché et reçoivent un excellent accueil du public.
Dans les années 1930, le cinéma ouvrier devient le chef de file de l’industrie cinématographique norvégienne, grâce à l’organisation ouvrière Arbeiders Opplysningsforbund et le cinéaste Olav Dalgard. Parmi ses œuvres, trois films forment une trilogie de qualité internationale : Lenkene brytes (1938), Det drønner gjennom dalen (1938) et Gryr i Norden (1939). Ils traitent des luttes des classes, des grèves ouvrières et de la violence des évènements qui ont éclaté à la fin de la décennie. Influencés par le cinéma soviétique, lui-même motivé par des idéaux communistes, ils font preuve d’un étonnant lyrisme.
Quelques années plus tôt, le premier film parlant norvégien, intitulé Le Grand Baptême (Den store barnedåpen), est réalisé en 1931 par Tancred Ibsen, petit-fils des dramaturges Ibsen et Bjørnson. Réalisateur et scénariste, il est d’abord l’assistant du cinéaste suédois Victor Sjöström à Hollywood dès 1923, où il travaille pour la MGM, avant de revenir en Norvège en passant par le Danemark. Il réalise dès lors plusieurs films aux genres variés jusqu’en 1963.
Quant à Rasmus Breistein, autre réalisateur majeur de l’Entre-deux-guerres, on lui doit notamment des œuvres bucoliques et patriotiques, telles qu’Anne la gitane (Fante-Anne) en 1920, Jeunesse (Ungen) en 1938 et Knut de Trysil (Trysil-Knut) en 1942. Le premier film musical, lui, est dû à Leif Sinding avec Fantegutten en 1932. Il réalise également, entre autres, la comédie Braves Gens (Bra mennesker) en 1937 et le film historique Eli Sjursdotter en 1938, tous deux adaptés d’œuvres théâtrales et littéraires. Cependant, après la Seconde guerre mondiale, et alors qu’il s’était engagé auprès de l’occupant allemand à diriger le cinéma norvégien sous l’égide des nazis, il lui faut attendre de longues années après la fin du conflit pour tourner un nouveau film. En 1954, sort alors La Nuit des sorcières (Heksenetter), dont l’intrigue se déroule durant la dernière guerre.
La première récompense internationale pour un film norvégien intervient en 1941, à la Mostra de Venise, lorsque le film Aïtanga, la femme aux aigles (Bastard), réalisé par Helge Lunde avec le Suédois Gösta Stevens, reçoit un prix. Le film est inspiré de la nouvelle du même nom de l’Allemand F.W. Remmler et a pour trame la vie de nomades de Sibérie.
En 1948, le film franco-norvégien La Bataille de l’eau lourde (Kampen om tungtvannet) connaît un grand succès. Co-réalisé par Jean Dréville et Titus Vibe-Müller, il met en scène la mission de sabotage en 1944 d’un commando de résistants norvégiens contre une usine d’eau lourde du Telemark, un comté du Sud de la Norvège, où les Allemands tentent de produire une bombe atomique. Les personnages du film sont pour la plupart joués par les véritables protagonistes de la mission, lesquels reconstituent leur exploit et réussissent à détruire l’usine. L’œuvre fonctionne ainsi comme un documentaire vivant, contrairement à la version américaine de 1965, Les Héros de Telemark (Heroes of Telemark), réalisée par Anthony Mann et avec Kirk Douglas.
La Seconde guerre mondiale continue d’inspirer les cinéastes norvégiens, dont Toralf Sandø, avec Le Voyageur d’Angleterre (Englandsfarere) en 1946, basé sur le roman du même nom de l’écrivain, journaliste et résistant Sigurd Evensmo. Autre réalisateur et probablement le plus talentueux de sa génération, Arne Skouen sort son premier film en 1949, ayant pour thème les enfants des rues dans les années 20, intitulé Les Voyous (Gategutter). Puis, avec Atterrissage forcé (Nødlanding) en 1951 et Le Rescapé (Ni liv) en 1957, il relate des évènements se déroulant lors de la guerre. Ce dernier film, inspiré d’une histoire vraie, celle du résistant Jan Baalsrud, est présenté au Festival de Cannes et nommé aux Oscars, puis élu meilleur film norvégien de l’histoire en 2005. En 2017, il a droit à un remake par Harald Zwart sorti sous le titre Le 12e Homme (Den 12. mann). Enfin, en 1963, Skouen traite une nouvelle fois des enfants, se concentrant sur les problèmes comportementaux, avec A propos de Tilla (Om Tilla). Deux autres films sur le même sujet suivent : Les Gardes (Vaktpostene) en 1965 et Le Voyage à la mer (Reisen til havet) en 1966.
Dans les années 1960, on peut encore citer des œuvres comme La Chasse (Jakten) d’Erik Løchen, nommée à la Palme d’Or en 1959, Les Démons passionnés (Line) de Nils-Reinhardt Christensen en 1961 ou bien Climax (Klimaks) de Rolf Clemens en 1965. Il faut cependant attendre la décennie suivante pour que le cinéma norvégien s’affirme définitivement sur le plan international, principalement grâce au soutien de l’Etat jusqu’à 90% du budget des films approuvés. Les salles de cinéma deviennent des services publics gérés par les communes et, en l’absence de réseaux commerciaux d’exploitation, leurs gérants choisissent librement leur programmation. Par cet appui des pouvoirs publics, une nouvelle génération de réalisateurs apparaît, dont le travail va s’affranchir des conventions narratives.
Ainsi, on doit entre autres à la réalisatrice Anja Breien des films sociétaux tels que Wives (Hustruer) en 1975, L’Héritage (Arven) en 1979 et La Persécution (Forfølgelsen) en 1981. D’abord influencé par la Nouvelle Vague, Oddvar Bull Tuhus tourne quant à lui en 1975 le vindicatif Grève ! (Streik!), inspiré d’un fait réel et présenté à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes. On lui doit aussi La Peur (Angst) en 1976 et 50/50 (Fifty-Fifty) en 1982. Enfin, Per Blom marque les esprits avec le drame érotique La Maison de maman (Mors hus) en 1974, dont le thème est l’inceste, suivi des Femmes (Kvinnene) en 1979 et du Palais de glace (Is-slottet) en 1987.
Dans le registre sociodramatique, notons encore des films de Svend Wam et Peter Vennerød : Eux et nous (Lasse & Geir) en 1976, La Majorité silencieuse (Det tause flertall) en 1978, Vie et mort (Liv og død) en 1980 ou Victoria L. (Leve sitt liv) en 1982 ; et de Lasse Glomm : Arrêtez ! (At dere tør!) en 1980, Zeppelin en 1981, Les Corbeaux (Svarte fugler) en 1983 ou Les Lumières du Nord (Havlandet) en 1984. Quant au cinéma d’animation, Ivo Caprino réalise en 1975 Flåklypa Grand Prix, un film de marionnettes.
Le temps est aussi à l’engagement et à la revendication avec la cinéaste Vibeke Løkkeberg, dont les œuvres majeures sont La Révélation (Åpenbaring) en 1977, La Trahison (Løperjenten) en 1981 et L’Insoumise (Hud) en 1986. Ses thèmes de prédilection sont la condition féminine et les relations amoureuses. Autre femme forte du cinéma norvégien, Laila Mikkelsen tourne plusieurs adaptations de romans, dont La Moisson (Oss) en 1976, La Petite Ida (Liten Ida) en 1981 et Les Enfants de la terre (Søsken på Guds jord) en 1983. Ses films ont pour toile de fond les relations sociales dans les petits villages, marquées par les ressentiments et la défiance.
Dans la lignée de ses consœurs, Unni Straume réalise en 1990 un film autobiographique intitulé Cher inconnu (Til en ukjent), où elle narre le voyage d’une jeune femme, puis adapte Le Songe (Drømspel) en 1994, une pièce du dramaturge suédois August Strindberg. Elle y donne un rôle à l’actrice Liv Ullmann, célèbre pour avoir joué à de nombreuses reprises pour Ingmar Bergman. Présentée par Bibi Andersson au cinéaste suédois, elle tourne avec lui son premier film en 1966 : Persona. Fasciné par la ressemblance entre les deux comédiennes, il sublime la jeune norvégienne dans un rôle presque muet mais non moins exaltant. Elle est encore à l’affiche de L’Heure du loup (Vargtimmen) en 1967, La Honte (Skammen) en 1968 et Une passion (En passion) en 1969.
Mais son plus grand succès reste le diptyque du Suédois Jan Troell, constitué des films Les Emigrants (Utvandrarna) en 1971 et Le Nouveau Monde (Nybyggarna) en 1972. Elle y campe Kristina, une jeune paysanne du XIXe siècle, mariée à Max von Sydow et que les conditions de vie miséreuses contraignent à partir pour l’Amérique du Nord afin d’y trouver un monde meilleur. Malgré les sirènes de Hollywood et quelques rôles outre-Atlantique, c’est auprès d’Ingmar Bergman qu’elle s’épanouit le mieux et déploie toutes les facettes de son talent. Ainsi, on la voit dans Cris et Chuchotements (Viskingar och rop) en 1972, Scènes de la vie conjugale (Scener ur ett äktenskap) en 1974, Face à face (Ansikte mot ansikte) en 1976, L’Œuf du serpent (The Serpent’s Egg) en 1977 et Sonate d’automne (Höstsonaten) en 1978. La complexité de sa personnalité et la subtilité de son jeu, entre douceur apparente et dureté enfouie, lui valent d’ailleurs deux nominations aux Oscars pour Les Emigrants et Face à face.
En 1992, elle réalise au Danemark Sofie, son premier film, puis, en 1995, adapte au cinéma Kristin Lavransdatter, un roman de la Norvégienne Sigrid Undset. Elle met encore en boîte deux scénarios de Bergman, Entretiens privés (Enskilda samtal) en 1996 et Infidèle (Trolösa) en 2000, avant de jouer dans Sarabande (Saraband), le dernier film du génie suédois. Sa dernière réalisation est Mademoiselle Julie (Miss Julie), adaptation d’une pièce de Strindberg sortie en 2014, avec Jessica Chastain et Colin Farrell dans les rôles principaux.
Dans les années 1990, une nouvelle génération de réalisateurs se fait une place dans le sillage de Nils Gaup, dont le premier film, Le Passeur (Veiviseren/Ofelaš) sorti en 1987, est entièrement joué en sami, la langue des populations locales de Laponie. Se déroulant au Moyen-Age, il conte les aventures d’un jeune chasseur sami qui tente de protéger sa communauté d’une horde de guerriers. Il est nommé aux Oscars dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère. Gaup tourne ensuite plusieurs films d’aventures, dont Grand Nord (Tashunga) en 1996, un western transposé en Alaska avec Christophe Lambert, et The Last King (Birkebeinerne) en 2016, un film historique sur la guerre civile norvégienne au XIIIe siècle.
Parmi les cinéastes en vue de la décennie, on peut remarquer Thomas Robsahm, fils de l’acteur italien Ugo Tognazzi et de l’actrice norvégienne Margrete Robsahm, à qui l’on doit Rebelles sans cause (Svarte Pantere) en 1992 et S.O.S. en 1999. Sans oublier Erik Gustavson pour Le Télégraphiste (Telegrafisten) en 1992, Hans Petter Blad pour Hodiak en 1994 ou encore Marius Holst pour Croix de bois, croix de fer (Ti kniver i hjertet) en 1995. Pour le jeune public, la réalisatrice et autrice Vibeke Idsøe présente en 1996 son premier film, Simon au Pays des Globules (Jakten på nyresteinen), adapté de son propre livre.
Cependant, le film le plus retentissant est à mettre à l’actif d’Erik Skjoldbjærg avec Insomnia, sorti en 1997. Ce thriller policier a pour cadre la ville de Tromsø, pendant l’été arctique, lorsque le soleil ne se couche jamais durant des mois. L’acteur suédois Stellan Skarsgård y incarne un inspecteur de la police d’Oslo chargé d’enquêter sur le meurtre d’une adolescente, quand il tue par accident son coéquipier dans une course-poursuite avec l’assassin présumé. Rongé par la culpabilité et victime d’insomnies à cause du jour constant, il subit en plus le chantage du meurtrier quant à la mort de son collègue, de laquelle il essaie de cacher sa responsabilité à ses supérieurs. En 2002, le film est adapté aux Etats-Unis par Christopher Nolan sous le même nom et avec Al Pacino, Robin Williams et Hilary Swank au casting. Dans la version américaine, c’est l’Alaska qui est le cadre de ce polar psychologique sous le soleil de minuit.
Erik Skjoldbjærg dirige également en 2005 une adaptation réussie d’Un ennemi du peuple (En Folkefiende), une pièce d’Ibsen. Aussi, à partir de 2015, il réalise des épisodes de la série Occupied (Okkupert), une fiction politique dans laquelle la Russie envahit la Norvège pour exploiter ses gisements d’hydrocarbures, d’après un scénario de l’écrivain Jo Nesbø. La série connaît un grand succès à l’étranger, notamment en France et en Allemagne, où elle a été diffusée sur Arte. Enfin, en 2021, il tourne Narvik (Kampen om Narvik), un film de guerre sur la bataille de Narvik au printemps 1940.
Un autre cinéaste de la même génération est Pål Sletaune, dont le film Junk Mail (Budbringeren), sorti en 1997, est une comédie dramatique sur un facteur peu consciencieux qu’une rencontre avec une femme va bouleverser. Il vaut aux deux acteurs principaux, Robert Skjærstad et Eli Anne Linnestad, les prix de meilleur acteur et meilleure actrice en Norvège. Sletaune réalise encore Next Door (Naboer) en 2005, un thriller sur les relations troublantes entre un homme et ses deux voisines, lesquelles en savent beaucoup plus sur lui qu’elles ne le devraient. S’ensuit alors un jeu psychologique dangereux, entre séduction et manipulation.
Dans les années 2000, on doit à Bent Hamer Kitchen Stories (Salmer fra kjøkkenet), une comédie originale de 2003 dans laquelle un observateur suédois étudie les habitudes alimentaires des Norvégiens dans les années 50. Quant à Petter Næss, il met à profit son sens de l’humour dans Elling, un film de 2001 où il narre le parcours vers l’autonomie et l’insertion de deux hommes atteints de troubles psychologiques, et Just Bea (Bare Bea), sorti en 2004, un film sur les émois sentimentaux et sexuels d’une adolescente. Aux Etats-Unis, il réalise Crazy in Love (Mozart and the Whale) en 2005, un film sur l’autisme.
Parmi les autres réalisateurs majeurs de la décennie, figure également Erik Poppe, rendu célèbre par sa trilogie sur Oslo, composée des films Schpaaa en 1998, Hawaii, Oslo en 2004 et En eaux troubles (deUNSYLIGE) en 2008. Il réalise aussi Ultimatum (Kongens nei) en 2016, qui relate l’acte de résistance du roi Haakon VII au début de la Seconde guerre mondiale, et Utøya, 22 juillet (Utøya 22. juli) en 2018, qui retrace la tuerie d’Utøya survenue le 22 juillet 2011. La comédie Le Roi du curling (Kong Curling) d’Ole Endresen connaît également un certain succès à l’étranger dès 2011.
De plus, en 2003, la comédie dramatique Jonny Vang, de Jens Lien, révèle l’acteur Aksel Hennie dans un triangle amoureux. Ce dernier réalise Uno l’année suivante, son premier film derrière la caméra, dans lequel il joue un jeune homme mêlé à un trafic de drogue. Puis, en 2008, il incarne Max Manus, un héros de la Résistance, dans le film Max Manus, Opération sabotage (Max Manus), réalisé par Espen Sandberg et Joachim Rønning. A partir des années 2010, Hennie obtient des rôles dans des superproductions américaines, comme Hercule (Hercules) en 2014, Seul sur Mars (The Martian) en 2015 ou The Doorman en 2020.
Enfin, ces dix dernières années ont vu émerger de nouveaux talents, tel que Joachim Trier, révélé en 2011 par son deuxième long-métrage Oslo, 31 août (Oslo, 31. august), où il narre la journée dans la capitale norvégienne d’un homme en fin de cure de désintoxication. Présenté au Festival de Cannes dans la catégorie Un certain regard, sa suite, intitulée Julie (en 12 chapitres) (Verdens verste menneske) et sortie en 2021, est en compétition officielle et permet à l’actrice Renate Reinsve d’être récompensée du prestigieux prix d’interprétation féminine. Cette tribulation sentimentale d’une trentenaire norvégienne est découpée en un prologue, douze chapitres et un épilogue, retraçant l’évolution de l’héroïne à travers des évènements différents. Entre temps, en 2015, Trier réalise Back Home (Louder than Bombs), une coproduction franco-dano-norvégienne dans laquelle il fait tourner Isabelle Huppert, dans le rôle d’une photographe de guerre.
Quant au duo Espen Sandberg et Joachim Rønning, il s’illustre dans un registre plus spectaculaire. D’abord dans le western, où il réunit en 2006 Penélope Cruz et Selma Hayek dans le film Bandidas. Après Max Manus, il reste en Norvège avec Kon-Tiki, un film d’aventures de 2012 sur l’expédition du même nom, menée par l’explorateur norvégien Thor Heyerdahl. En 1947, ce dernier, accompagné de cinq coéquipiers, a traversé sur un radeau l’océan Pacifique, dans le but de prouver que des habitants de l’Amérique du Sud ont pu atteindre des îles de Polynésie pour s’y installer. Le film est alors nommé aux Oscars et aux Golden Globes.
En 2017, la paire norvégienne réalise le cinquième volet de la saga Pirates des Caraïbes (Pirates of the Caribbean), intitulé La Vengeance de Salazar (Dead Men Tell No Tales). Puis en 2019, Joachim Rønning s’attèle seul à la réalisation de la suite de Maléfique (Maleficent) avec Le Pouvoir du Mal (Mistress of Evil). Des superproductions hollywoodiennes souvent moquées par les puristes du cinéma. De son côté, Espen Sandberg rend hommage à l’explorateur polaire Roald Amundsen dans Voyage au bout de la Terre (Amundsen).
Un autre Norvégien faisant en partie carrière à l’étranger est Kristofer Hivju. L’acteur originaire d’Oslo apparaît notamment dans le film de science-fiction horrifique The Thing en 2011 et dans le sur-vitaminé Fast and Furious 8 (The Fate of the Furious) en 2017. Il joue également dans des séries à succès comme Games of Thrones et The Witcher. En 2023, on le voit dans Distant, un film de science-fiction.
Quant au réalisateur Morten Tyldum, après avoir adapté en Norvège deux romans policiers, Fallen Angels (Varg Veum – Falne engler) de Gunnar Staalesen en 2008 et Headhunters (Hodejegerne) de Jo Nesbø en 2011, il retrace la vie du mathématicien britannique Alan Turing dans Imitation Game (The Imitation Game) en 2014 et imagine une aventure spatiale dans Passengers en 2016, deux productions américaines. Il y dirige Benedict Cumberbatch et Keira Knightley dans la première, ce qui lui vaut une nomination à l’Oscar du meilleur réalisateur, et Chris Pratt et Jennifer Lawrence dans la seconde.
Autre cinéaste international et spécialisé dans les films à grand spectacle, Roar Uthaug se fait d’abord connaître en 2006 avec Cold Prey (Fritt Vilt), un thriller haletant ayant pour cadre les montagnes norvégiennes. Puis en 2015, il réalise The Wave (Bølgen), un film catastrophe sur un tsunami en Norvège, avant de s’essayer au fantastique avec Troll, sorti en 2022. En revanche, la suite de The Wave est assurée par John Andreas Andersen, qui tourne en 2018 The Quake (Skjelvet), soit le séisme. De même pour les deux épisodes suivants de la trilogie Cold Prey, délégués à d’autres et distribués en 2008 et 2010. Entre temps, Uthaug fait un passage à Hollywood en s’attelant au reboot de Tomb Raider en 2018.
Un exemple qu’a aussi suivi Tommy Wirkola. Auteur en 2007 de Kill Buljo : Ze Film (Kill Buljo: The Movie), parodie de Kill Bill, puis des comédies horrifiques Dead Snow et Dead Snow 2 (Død Snø) en 2009 et 2014, il réalise aux États-Unis Hansel et Gretel : Witch Hunters en 2013 et Seven Sisters (What Happened to Monday) en 2017. Mêlant comme à son habitude humour et noirceur, il tourne en 2021 The Trip (I Onde Dager) en Norvège et l’année suivante Violent Night outre-Atlantique.
Et quand les acteurs et réalisateurs norvégiens ne s’exportent pas, ce sont les productions étrangères qui viennent en Norvège. Depuis quelques années, plusieurs films ont été tournés dans le pays pour certaines scènes, dont Downsizing en 2017, Mission Impossible : Fallout en 2018, Tenet en 2020 et le dernier volet de James Bond Mourir peut attendre (No Time to Die) en 2021. Le film de Nicolas Vanier Donne-moi des ailes, sorti en 2019, a en partie également été tourné en Norvège. Enfin, les studios Disney se sont largement inspirés des paysages et de la culture norvégienne pour le dessin animé à succès La Reine des neiges (Frozen) en 2013 et sa suite, sortie en 2019.
Pour conclure, alors que les séries se substituent de plus en plus au cinéma, des productions norvégiennes profitent de cet engouement. Ainsi, des créations comme Lilyhammer dès 2012, Occupied entre 2015 et 2020, Acquitted (Frikjent) en 2015, Skam de 2015 à 2017, Norsemen (Vikingane) entre 2016 et 2020 et Ragnarok à partir de 2020 ont été vues dans le monde entier. De quoi encourager les producteurs norvégiens à continuer de compter sur l’imagination de leurs scénaristes.