Qui étaient les Vikings ? Il faudrait tout un livre pour répondre à cette question. Ainsi, cet article retrace dans les grandes lignes l’histoire des Vikings, de leur conquête du monde au fonctionnement de leur société, en passant par leurs croyances, leurs arts et leurs coutumes. Bien plus que de simples barbares, ils formaient des communautés complexes, régies par des lois et réunies autour de traditions. Ils étaient commerçants, navigateurs, artisans, poètes… et guerriers. Si ce sont surtout leurs raids dévastateurs à travers l’Europe qui les ont rendus célèbres, ils ont aussi marqué leur époque par leurs exploits, leurs découvertes et leurs légendes. Retour sur leurs incroyables aventures.
L’histoire des Vikings commença au VIIIe siècle, en Norvège, au Danemark et en Suède. Ce fut à cette période que les premiers raids de pirates venus de Scandinavie furent décrits en Angleterre. Le terme « viking » viendrait d’ailleurs du vieil anglais « wicing », qui signifiait « piraterie ». En France, on les appelait plutôt Normands, d’après le vieux norrois « nordmaðr », qui désignait tout simplement les « hommes du Nord » dans la langue des Vikings. Ces deux termes se référaient en fait seulement aux Norvégiens et aux Danois, tandis que les Suédois, qui conquirent au contraire l’Europe de l’Est et le Proche-Orient, étaient connus sous le nom de Varègues.
Pour se lancer dans leurs longs périples en mer, les Vikings disposaient de navires légers et rapides : les drakkars. Ou plutôt les langskips. Car le terme « drakkar » ne fut inventé qu’au XIXe siècle d’après le mot suédois « drake », qui signifiait « dragon ». Un second « k » fut même rajouté pour accentuer l’aspect exotique et nordique de ce néologisme, qualifié de barbarisme par les historiens. Les langskips, donc, – « grands bateaux » en norvégien et en danois – étaient des navires longs et fins, à fond plat et à la proue et la poupe relevées. Pour se propulser, ils étaient dotés d’une large voile carrée, ainsi que d’avirons. Les Vikings pouvaient alors ramer si le vent ne suffisait pas pour avancer.
De plus, grâce à leur fond plat, les langskips étaient capables de remonter les fleuves afin de pénétrer efficacement dans les terres. Ce qui ne les empêchait pas non plus de pouvoir affronter la haute mer et les vagues de par leur grande souplesse. Leur architecture particulière, constituée notamment de liens d’osier et de cuir, leur permettait en effet de se tordre face aux déferlantes et de ne pas sombrer. Enfin, leur légèreté, due à une coque peu épaisse, leur conférait un très faible tirant d’eau et une vitesse maximum de plus de 10 nœuds, soit approximativement 18 km/h.
Il existait plusieurs types de langskips, selon leur fonction et leur format. Par exemple, les snekkjas étaient des navires de guerre, dont le nom provenait de la tête de serpent sculptée que les Vikings attachaient souvent à la proue pour effrayer leurs ennemis. Quant aux knarrs (ou knorrs), c’était des bateaux de commerce, très efficaces en haute mer. Les Vikings étaient ainsi des navigateurs hors pairs, capables de voyager très loin.
Au début de leurs expéditions, les Vikings accostèrent en Grande-Bretagne, en Irlande et en France, avant de contourner l’Espagne et le Portugal et d’atteindre la mer Méditerranée. En longeant les côtes, ils gagnèrent l’Italie, la Grèce et la Turquie, jusqu’à Constantinople. Ils remontèrent également les fleuves, tels que le Rhin, la Seine, la Loire et la Garonne. Quant aux Varègues (les Suédois), ils traversèrent la mer Baltique jusqu’aux côtes de la Pologne et la Russie actuelles, puis s’aventurèrent sur les fleuves, rejoignant la mer Noire par le Danube et le Dniepr et la mer Caspienne par la Volga.
A l’opposé, des Vikings danois et norvégiens mirent les voiles vers l’Ouest, accostant aux îles Shetland, aux îles Féroé et en Islande. Ils y installèrent des colonies, principalement en Islande, avant de reprendre la mer. Ils atteignirent alors les rivages du Groenland lors de l’expédition d’Erik le Rouge vers l’an 980. Banni d’Islande pour meurtre, ce Viking norvégien fut le premier Européen à débarquer sur cette terre qu’il nomma « Grønland », soit « terre verte ». Si le climat n’était pas forcément plus favorable que maintenant, il choisit surtout ce nom pour attirer le plus de colons possible.
Puis, vers l’an 1000, ce fut son fils Leif Eriksson qui quitta le Groenland pour une nouvelle expédition vers l’Ouest. Il longea alors une terre inconnue, couverte d’abord de montagnes et de glaciers puis ensuite de forêts, avant d’accoster sur un territoire de plaines où poussait le raisin. Baptisé Vinland, « le pays de la vigne », ce nouveau monde n’était autre que l’île de Terre-Neuve, au Canada. Cinq-cents ans avant Christophe Colomb, les Vikings venaient de découvrir l’Amérique. Bien que leur installation n’y fut que très brève, à cause certainement d’une cohabitation difficile avec les Amérindiens, ils laissèrent des preuves de leur passage dans la localité de L’Anse aux Meadows, où un village viking fut exhumé en 1960.
Tous ces exploits auraient été réalisés sans carte ni boussole. Les Vikings auraient simplement navigué en se guidant avec leur environnement, suivant les courants fluviaux et marins, longeant les littoraux et se fiant autant au soleil qu’à leur instinct. Ils auraient également suivi les oiseaux et les baleines. De plus, leurs aventures au bout du monde laisseraient penser qu’ils imaginaient déjà la Terre comme un globe et non comme un disque, n’ayant pas peur de plonger dans l’abîme en allant trop loin.

Lors de leurs raids, commencés dès la fin du VIIIe siècle, les Vikings longeaient les côtes et pillaient les villages, les églises et les monastères. En remontant les fleuves et les rivières, ils s’attaquaient aux villes situées à l’intérieur des terres puis repartaient avec leur butin. Les deux pays les plus touchés furent l’Angleterre et la France. Ils firent ainsi des incursions régulières sur tout le littoral anglo-saxon et le long de la côte atlantique du royaume franc. De nombreuses attaques furent recensées en Flandre, en Neustrie (actuelle Normandie), en Bretagne et en Aquitaine. Au cours de leurs raids, les Vikings prenaient des personnages importants en otage et demandaient leur libération en échange d’une rançon. Ils capturaient également des villageois pour les réduire en esclavage, quand ils ne massacraient pas tous les habitants. Leur violence était partiellement due à la prise d’excitants, notamment des champignons hallucinogènes, et les transformait en berserks, des guerriers entrés dans un état de furie.
En 841, les Vikings mirent à sac Rouen ainsi que les abbayes alentours. En 845, ils firent le siège de Paris. Alors qu’ils s’emparèrent de l’île de la Cité, le roi Charles II le Chauve leur accorda 7 000 livres pour obtenir leur départ. Plus tard, ils revinrent à Paris à trois reprises, en 857, en 861 et en 885, recevant à chaque fois une somme contre la levée du siège. La capitale franque n’était parfois même qu’une escale avant d’aller piller la Bourgogne.
Mais ce ne fut qu’au bout de plus d’un siècle de raids, en 911, que les Vikings reçurent du roi Charles III le Simple le duché de Normandie. Auparavant appelé Neustrie, il fut rebaptisé ainsi en l’honneur des Normands. Le chef viking Rollon, qui s’était converti à la foi catholique, devint alors le premier duc de Normandie et fit de Rouen sa capitale.
De l’autre côté de la Manche, en Angleterre, les Vikings occupèrent près de la moitié du territoire, allant de la ville de Londres jusqu’au comté actuel du Yorkshire, près de la frontière écossaise. En 886, après avoir combattu de nombreuses fois les armées anglo-saxonnes, les limites de leur royaume furent fixées par le traité de Wedmore. Cette zone était nommée le Danelaw par les Anglais, ce qui désignait le territoire où « la loi des Danois » était appliquée. Cependant, les Vikings continuèrent leurs incursions en terres anglo-saxonnes, tout en rencontrant une farouche résistance.
En 954, la reconquête anglo-saxonne fut accomplie et le dernier roi scandinave de Northumbrie, dans le Nord-Est de l’Angleterre, fut chassé. Mais à partir de 980, les Vikings se relancèrent dans la conquête de l’Angleterre. Les rois de Norvège et de Danemark dirigèrent tour à tour des campagnes militaires, jusqu’à ce que le souverain danois Sven à la Barbe Fourchue montât sur le trône d’Angleterre en 1013. En 1016, son fils Knut le Grand battit le roi anglo-saxon Edmond et régna sur toute l’Angleterre jusqu’en 1035.
Enfin, en 1066, le roi de Norvège Harald le Sévère tenta une dernière conquête mais fut tué lors de la bataille de Stamford Bridge. Cette même année, le duc de Normandie Guillaume le Conquérant, descendant des Vikings, envahit l’Angleterre et domina le roi anglo-saxon Harold lors de la bataille de Hastings. Couronné roi, son règne mit fin aux raids vikings.
Un autre territoire occupé par les Vikings était la Sicile. A partir de 1061, le Normand Robert Guiscard, seigneur de Hauteville, conquit l’île de Méditerranée alors dominée par les Musulmans. Son frère Roger devint comte de Sicile, avant que le fils de ce dernier, Roger II, ne fût couronné roi en 1130. La Sicile resta normande jusqu’en 1189.
Quant aux Varègues, ils fondèrent en 882 la Rus’ de Kiev, une principauté qui s’étendait de la mer Baltique au Nord jusqu’aux rives de la mer Noire au Sud. Le premier prince, appelé aussi prince de Novgorod, fut le chef viking Riourik (Rørik en norrois). La Rus’ de Kiev fut dissoute en 1240 à la suite de l’invasion mongole.
Partout où ils s’installèrent, les Vikings s’assimilèrent à la culture locale. Par exemple, en Normandie, ils apprirent et parlèrent le dialecte français local sans imposer la langue norroise. Ils se convertirent également au christianisme et l’exportèrent en Scandinavie. L’époque viking s’arrêta alors au milieu du XIe siècle avec les bouleversements religieux et la centralisation du pouvoir monarchique en Norvège, au Danemark et en Suède.

Explorateurs et guerriers, les Vikings étaient aussi des commerçants. Par leur présence dans toute l’Europe, ils avaient accès à diverses routes commerciales, dont la Route de la Soie et la Route des Epices. Ils installèrent des comptoirs dans tous les territoires conquis, de l’océan Atlantique à la mer Méditerranée, en passant par les fleuves comme la Seine et la Volga. Ils négocièrent toutes sortes de produits et commercèrent avec les Germains, les Celtes, les Slaves, les Arabes, les Byzantins, les Perses… Grâce à leurs navires performants, ils voyageaient rapidement, tant sur mer que par les fleuves. Ils frappèrent leur monnaie, qu’ils échangèrent avec des devises du monde entier. De leurs périples, ils purent rapporter en Scandinavie des marchandises inconnues de leurs compatriotes, comme du vin, des épices et des étoffes précieuses. Ils ramenèrent également des esclaves et des animaux domestiques, dont le chat. En échange, ils vendirent de l’ambre, des fourrures et de l’ivoire de morse.
Ce fut aussi de leurs expéditions que les Vikings introduisirent le christianisme en Scandinavie. Avant, et pendant des siècles, ils croyaient en plusieurs dieux, dont l’histoire était racontée dans la mythologie nordique. Le dieu principal était Odin, le dieu de la guerre, de la sagesse, de la poésie et du savoir. Il était à l’origine du monde, le créateur du premier homme et de la première femme. Roi des Ases, la classe supérieure des dieux, il était souvent représenté éborgné, brandissant une lance et chevauchant un cheval à huit jambes. Epoux de la déesse Frigg, il était le père d’autres dieux, tels que Baldr, Höd et Thor. Quant à Njörd, Freyr et Freyja, ils étaient de la classe des Vanes, les dieux des forces de la nature.
Second dieu en terme d’importance, Thor était le dieu du tonnerre, de la force, de la protection et de la fertilité. Il possédait un marteau avec lequel il provoquait la foudre et traversait les mondes sur un char tiré par des boucs. Il pouvait aussi maîtriser les tempêtes, les provoquant ou les apaisant, et était considéré comme le plus puissant des guerriers.
Les Vikings vouaient un culte aux dieux du panthéon nordique et imploraient souvent leurs noms. Les guerriers scandinaves croyaient en des forces surnaturelles ainsi qu’au Valhalla, le paradis des combattants valeureux morts les armes à la main. Ils y seraient accueillis par les valkyries, des vierges guerrières au service d’Odin, et côtoieraient les divinités qu’ils honoraient de leur vivant.
De plus, ils attribuaient aux animaux des statuts particuliers et des pouvoirs magiques. Par exemple, le corbeau symbolisait la mémoire et l’intelligence et était un des compagnons d’Odin. Le loup et l’ours étaient vénérés pour leur force et leur courage, tandis que le cheval et le sanglier pouvaient représenter l’endurance et la fertilité. Les Vikings imaginaient aussi des créatures fabuleuses, telles que les elfes, les nains, les géants et les monstres, ainsi que tout un cortège de divinités secondaires, affiliées à tels dieux ou telles déesses.
Cependant, ils ne construisaient pas de temples où adorer les dieux ni ne croyaient au destin. Pour eux, les hommes étaient les seuls maîtres de leur destin. Ils pouvaient l’anticiper et le modifier, même s’ils provoqueraient la colère des dieux. Ces derniers n’étaient en réalité que des figures familiales et paternalistes, auxquelles se confier, et non des forces implacables et toutes-puissantes. Les Vikings croyaient surtout en eux-mêmes.
Leur mythologie ne fut racontée que des siècles plus tard dans les sagas, dont la plus complète et la plus célèbre fut l’Edda, écrite à partir de 1220 par le poète islandais Snorri Sturluson. Les sagas relataient aussi les plus grands exploits des Vikings. Toutefois, ayant été rédigées après la fin de l’époque viking, elles manquaient d’exactitude et exagéraient souvent les faits. De plus, elles furent écrites après la christianisation, quand les croyances anciennes avaient déjà disparu.
Mais les Vikings laissèrent quand même des écrits, très importants pour mieux comprendre leur histoire. Les scaldes, qui étaient leurs poètes, gravèrent des pierres, du bois, de l’os ou de l’ivoire dans l’alphabet runique. Cet alphabet, dont les lettres s’appelaient les runes, transcrivait le vieux norrois, la langue des anciens scandinaves. On l’appelait aussi le futhark, d’après l’ordre de ses six premières lettres. Retranscrit plus tard dans l’alphabet latin, le norrois devint l’islandais, le danois, le suédois et le norvégien.

Quant à la société des Vikings, elle était, comme dans beaucoup de civilisations contemporaines, basée sur le patriarcat. Toutefois, les femmes vikings jouissaient d’un rôle important. Elles étaient l’âme du foyer. En l’absence des hommes, qui partaient pour de longues campagnes à l’étranger, elles géraient les fermes, dont elles étaient les seules responsables. Elles étaient les garantes des traditions familiales et de l’éducation des enfants, mais aussi des croyances ancestrales. Plus que les hommes, elles exerçaient les fonctions de sorcières et de magiciennes. Elles pouvaient ainsi invoquer les forces surnaturelles et faire de la divination.
De plus, certaines d’entre elles détenaient le rôle de chef de famille. Elles pouvaient hériter d’un père, d’un oncle ou d’un frère et diriger une affaire familiale, comme un commerce ou une ferme. Et si les familles arrangeaient les mariages, les femmes devaient nécessairement être consentantes. Elles avaient également le droit de demander le divorce, quand elles ne faisaient pas assassiner leur mari. D’autres femmes auraient même participé à des raids et porté des armes. Enfin, elles pouvaient avoir des enfants avec un homme sans être mariées sans que cela ne fût inconcevable. Dans ce cas, elles étaient souvent la concubine d’un homme marié à une autre femme.
De façon générale, la société viking était assez peu hiérarchique, plutôt égalitaire et nourrie par des valeurs de solidarité et de pragmatisme. La grande majorité de la société était composée d’hommes libres, les karls. Ils étaient fermiers, pêcheurs, marchands, guerriers, artisans, propriétaires ou administrateurs. Ils avaient le droit de vote et élisaient les chefs de clan, les jarls, lors des assemblées, appelées les things. Lors de ces things, qui se tenaient régulièrement au cours de l’année, les Vikings discutaient des lois, des projets et des décisions de justice. Pendant les procès, les peines prononcées étaient, selon la gravité du délit, des compensations financières, des exils dans les bois ou des bannissements de trois ans. Les peines de mort, elles, étaient relativement rares.
Ces assemblées garantissaient une forme de démocratie, bien que seulement exercée par les hommes. Elles se tenaient en extérieur, dans des espaces vastes et où il était facile acoustiquement de se comprendre. Des fouilles archéologiques en exhumèrent de nombreux dans toute la Scandinavie et dans les territoires occupés par les Vikings. D’ailleurs, les parlements actuels portent des noms issus de ces things : Storting en Norvège, Folketing au Danemark, Althing en Islande…
Quant aux esclaves, qui étaient des prises de guerre ramenées en Scandinavie, on les appelait les thralls. Ils n’étaient pas des esclaves comme on l’entendrait ailleurs, mais plutôt des serviteurs, puisqu’ils n’étaient pas corvéables à merci et ne pouvaient être maltraités ni tués impunément. Ils n’étaient cependant pas libres et se soumettaient au service d’un maître. En revanche, ils avaient la possibilité de s’émanciper en achetant leur liberté, en se mariant avec une femme ou un homme libres ou en rendant un grand service à leur maître.
Pour les plus pauvres et les faibles, il existait un devoir social assuré par le clan : le hreppr. C’était une sorte de caisse de solidarité, présidée par des hommes libres, dont le paiement de l’impôt permettait de subvenir aux besoins des malades, des vieillards et des infirmes, mais aussi d’indemniser les victimes de sinistres, comme les incendies ou les pertes de bétail.
Enfin, concernant les rites, les mariages constituaient les fêtes les plus importantes et avaient principalement lieu en automne. Ils étaient codifiés et préparés un an à l’avance, juste après les fiançailles. Bien que l’on fît des offrandes aux dieux et aux déesses pour s’assurer un mariage fécond et heureux, c’était le chef de clan qui célébrait l’union et non un religieux. Il n’existait d’ailleurs pas de clergé chez les Vikings. Les familles des mariés s’échangeaient une dot et l’on partageait un banquet avec tous les convives dans la salle commune. Une fois mariée, l’épouse gardait ses cheveux attachés et portait à la ceinture les clefs de la maison et du coffre. Elle devenait ainsi la maîtresse de maison.
Les funérailles étaient également des évènements fastueux, surtout s’il s’agissait de personnages importants. Le défunt était placé dans un bateau, ensuite enseveli sous un tas de terre et de pierres afin de former un tumulus. Il était généralement accompagné d’objets, voire d’esclaves sacrifiés. Il pouvait aussi être brûlé sur son bateau, lequel faisait office de bûcher.

Bien qu’ayant terrorisé des populations entières par leurs expéditions violentes et traumatisantes, les Vikings n’étaient pas que des brutes épaisses assoiffées de sang. Ils avaient des connaissances techniques qui leur permirent de concevoir des navires parmi les plus performants de leur époque, devenant ainsi des marins et des explorateurs exceptionnels. Ils confectionnaient des épées dans un acier de très haute qualité, seulement égalée des siècles plus tard, et des habits en laine et en lin de très belle facture, dont ils en exportaient une partie. Ils avaient une véritable hygiène et se lavaient et se peignaient régulièrement, tandis que les hommes qui portaient la barbe en prenaient grand soin. Aussi, tous n’étaient pas blonds aux yeux bleus.
Ils ne buvaient pas non plus dans le crâne de leurs ennemis et ne portaient pas de casques à cornes. Les casques qu’ils fabriquaient étaient en métal et disposaient de sortes de lunettes qui protégeaient le haut du visage ou bien d’un nasal, une tige en fer qui recouvrait le nez. Les seuls casques à cornes qui furent retrouvés par les archéologues servaient d’apparats pour les grandes cérémonies et non pour aller au combat. Autrement, les cornes étaient surtout utilisées pour boire, d’où la confusion possible avec les crânes desquels elles étaient extraites.
L’artisanat viking travaillait des matières comme le bois, l’os, le cuir, l’ivoire de morse, le bois de cervidé et l’ambre. Les artisans fabriquaient des bijoux, des objets du quotidien et des œuvres d’art. Certains de ces objets étaient même vendus dans toute l’Europe. Un ensemble complet de pièces d’échecs en ivoire de morse fut découvert en Ecosse, sur l’île de Lewis, et attribué à un artisan scandinave.
Agriculteurs et éleveurs, les Vikings cultivaient des céréales (orge, avoine, seigle) et des légumes (choux, carottes, rutabagas) et possédaient des vaches, des moutons, des chèvres, des cochons, des poules. Ils cueillaient des fruits (pommes, prunes, cerises), des baies (groseilles, myrtilles, framboises) et des plantes (cumin, moutarde, thym) et chassaient des canards, des sangliers, des cervidés, des morses, des phoques. Ils pêchaient également de nombreuses espèces de poissons (saumon, morue, hareng) et de crustacés (crabes, homards, crevettes) et ramassaient des coquillages. Enfin, ils produisaient de la bière, de l’hydromel, de la crème, du beurre et du fromage.
Aussi sportifs, ils aimaient pratiquer la natation, le plongeon et la lutte. Ils lançaient le poids et le javelot et s’affrontaient dans un jeu d’équilibre consistant à sauter de rame en rame, lesquelles étaient tendues depuis un bateau au-dessus de l’eau. En hiver, quand il neigeait et gelait, ils skiaient et patinaient, bien que ce fût d’abord et surtout un moyen de locomotion plus pratique.
Enfin, ils jouaient de la musique et contaient des poèmes, écrits par les scaldes. Leurs instruments de prédilection étaient la harpe, la lyre, le violon et le luth. La musique était pour eux une forme d’art et savoir en jouer prouvait que l’on était cultivé.



Après leur conversion au christianisme, les Vikings construisirent des églises en bois debout, aux détails richement sculptés. Ils y mêlèrent des préceptes de leur nouvelle religion et des références à leurs anciennes croyances. Il en subsiste encore de nos jours en Norvège, dont les plus grandes et les plus remarquables sont celles de Borgund et d’Urnes. Elles représentent un style architectural unique au monde.
Aujourd’hui, les Vikings suscitent encore beaucoup de fantasmes et d’admiration. De nombreuses œuvres de fiction, comme des romans, des bandes-dessinées, des films, des séries et des jeux vidéos, les mettent en scène avec plus ou moins de réalisme. Des historiens et des archéologues étudient toujours leur mode de vie et font de nouvelles découvertes régulièrement. De plus, des musées exposent des objets historiques et des passionnés reconstituent des villages vikings et nous replongent plus d’un millénaire en arrière. Pourtant, les Vikings n’ont pas complètement disparu et leur sang coule encore dans les veines de leurs descendants.
Musée des Bateaux Vikings (Viking Ship Museum), Oslo, Norvège
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