Île était une fois Kvaløya

A l’Ouest de Tromsø, se situe l’île de Kvaløya. Partie prenante de la municipalité de Tromsø, elle est, avec sa superficie de 737 km², la cinquième île de Norvège, si l’on exclut le Spitzberg et l’archipel du Svalbard. Sa ville principale se nomme Kvaløysletta et elle est reliée à la ville de Tromsø par le pont de Sandnessund. En outre, elle est aussi connectée par un tunnel sous-marin à l’île de Ringvassøya au Nord et au continent au Sud, tandis qu’un autre pont la relie à la petite île de Sommarøy à l’Ouest. Très montagneuse, elle est traversée de rivières et trouée de lacs, alors que sa côte très découpée dessine de nombreuses criques et, naturellement, des fjords.

L’île de Kvaløya

Kvaløya, dont le nom signifie « l’île des baleines » en norvégien, est également appelée Sállir dans la langue des Samis. Elle doit ce nom aux baleines qui venaient nager le long de ses côtes, en particulier dans les eaux du Kaldfjord, au Nord de l’île. Aujourd’hui, leurs visites sont devenues moins fréquentes qu’il y a quelques années, mais dès qu’arrive l’hiver et avec un peu de chance et beaucoup de patience, on peut les apercevoir depuis le littoral remonter à la surface. Ainsi, accompagné d’un guide, il est possible d’observer de petits groupes d’orques ou de baleines à bosse s’approcher des côtes puis repartir vers le large.

Parmi d’autres animaux que l’on peut rencontrer sur l’île, figurent les rennes. Ces grands cervidés, symboles de l’arctique, vivent en semi-liberté, élevés généralement par les Samis pour leur viande, leur peau et leur lait. Il n’est donc pas rare de croiser des troupeaux de cinq ou six individus, souvent des adultes entourant des jeunes, traverser la route et pâturer d’un pré à l’autre. La prudence est alors de mise pour les automobilistes, lesquels ont depuis longtemps pris l’habitude de faire attention et de les voir passer nonchalamment devant leur pare-choc.

Entre deux eaux le long de la côte

Loin d’être tout lisse, le littoral de Kvaløya est parsemé de caps, de criques de toutes tailles et d’estuaires où se jettent des rivières. Ses plages, en majorité formées de rochers et de gros galets, se couvrent parfois d’un fin sable blanc, dont la comparaison avec celui de contrées plus tropicales n’est pas si farfelue. C’est d’ailleurs sur l’île de Sommarøy que l’on trouve les plus belles plages… mais ce n’est pas là sa seule curiosité. Les quelques trois-cents habitants de ce village de pêcheurs ont ainsi décidé, au mois de juin 2019, que leur île devait s’affranchir du temps. En cause, le soleil qui ne se couche jamais de mai jusqu’à juillet et qui en fait perdre la notion du temps à ceux qui y vivent. En effet, lorsque la journée dure près de 70 jours, pourquoi se priver de tondre sa pelouse à minuit ou d’aller se promener à 4 h du matin.

Pour matérialiser leur requête, une pétition demandant au gouvernement norvégien à ce que Sommarøy soit officiellement une « free-time zone », c’est-à-dire une zone hors de tout fuseau horaire, a été lancée et signée par un grand nombre d’habitants. Les bienfaits d’une vie abolissant la notion du temps ont même été exposés, lesquels annonçaient par exemple la fin du stress. Cette mobilisation, aussi détonante fut-elle, a attiré tous les regards du monde vers ce petit bout de Norvège, tandis que des milliers d’articles ont été publiés à travers la planète. Mais là était bien le but de l’initiateur du mouvement. Par ce coup de publicité, Kjell Ove Hveding a ainsi réussi à promouvoir le tourisme dans la région, notamment en été. Car c’est surtout l’hiver et ses aurores boréales qui font affluer le plus de visiteurs en Norvège du Nord.

Pour observer au mieux les aurores boréales sur Kvaløya, il existe un endroit dont le paysage seul rend ce phénomène cosmique inoubliable : le village d’Ersfjordbotn. Niché au fond d’un fjord, il fait face à d’abruptes montagnes uniquement séparées par un étroit bras de mer et présente une scène de spectacle idéale pour les « lumières du Nord ».

Aurore boréale au-dessus de l’Ersfjord (photo de Bjørn Jørgensen)

Un autre village jouit d’une situation idoine pour être spectateur des beautés de la nature arctique : Skulsfjord. Lové au creux d’une baie du Kaldfjord, il est accessible par la route de Finnvikdalen, dans la partie nord de l’île, ou bien par le bac, dont les traversées sont régulières. C’est juste à côté, à Bellvika, que les bateaux viennent et repartent en direction des îles situées plus au Nord.

Coucher de soleil depuis Bellvika

Île montagneuse, Kvaløya est hérissée de nombreux sommets, dont les plus hauts dépassent les 1 000 m d’altitude. Si certains sont facilement accessibles, d’autres nécessitent une bonne condition physique pour être atteints, sans toutefois exiger de matériel spécifique d’alpinisme. Bien que quelques passages soient raides ou glissants, ils peuvent être franchis avec un simple équipement de randonneur et surtout de bonnes chaussures. Il suffit ensuite de profiter de la magnifique vue qui s’offre sur les hauteurs.

Le Store Blåmann, qui s’élève à 1 044 m, est le point culminant de l’île. Avec un départ dès le niveau de la mer, l’ascension prend quelques heures, empruntant des sentiers à travers la lande mais aussi des passages empierrés et des rochers à escalader à mains nues. Puis, quand arrive enfin le sommet du « Grand Homme Bleu », il ne manque plus qu’à observer le panorama, lequel s’étend sur toute l’île et au-delà encore. Avant de redescendre, il ne faut pas oublier de poser sa pierre sur les pyramides de cailloux, œuvres érigées au fil des ans par de précédents randonneurs, comme des accumulations de preuves que l’on a triomphé de ces géants pétrifiés.

Sommet du Store Blåmann

Vient alors le moment de se restaurer. Pour cela, rendez-vous à Eidkjosen, au centre de l’île, où se trouve la boutique Eide Handel. A consommer sur place ou à emporter, les plats mitonnés par une équipe de cuisiniers professionnels font honneur aux produits locaux. Pizzas pour tous les goûts, sandwiches, plats chauds, assortiments de fruits et légumes ou desserts, tout est fait maison et provient de fermes à proximité. C’est l’endroit idéal pour découvrir les bons produits et la gastronomie de la Norvège du Nord.

Comme des confettis tombés à l’océan, Kvaløya et les îlots qui l’accompagnent forment un petit coin de paradis pour tous les passionnés de nature à seulement quelques encablures de la ville. On y randonne en été en attendant le soleil de minuit et skie en hiver sous les aurores boréales. On y croise une faune et une flore typiques de l’arctique et réconcilie les amoureux de la montagne et les amoureux de la mer. On y découvre une nouvelle culture et rencontre des villages charmants, des paysages envoûtants et des habitants attachants. Kvaløya est une terre à visiter, mais surtout à préserver.

Tromsø et le Tromsdalstinden depuis le sommet du Sørtinden

Arc-en-ciel au-dessus du détroit de Sandnessund

De gauche à droite et de haut en bas : 1) habitation sur le littoral, 2) rivage de Kvaløya, 3) vue de Tromsø, 4) lac de Finnvikdalen, 5) hauteurs du Sørtinden.

Plus d’infos sur Visit Tromsø

4 commentaires sur « Île était une fois Kvaløya »

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