La Norvège en hiver

Ce n’est pas un secret : l’hiver est long et froid en Norvège. Cependant, comme pour beaucoup de choses, cette affirmation est à nuancer. Surtout depuis quelques années et les effets du réchauffement climatique qui se font ressentir. De plus, l’hiver n’est pas tout à fait le même selon la zone géographique où l’on se trouve. Il n’est pas forcément moins froid au Sud qu’au Nord, mais plutôt le long du littoral comparé à l’intérieur des terres. C’est pour cette raison que dans les régions montagneuses et le plateau du Finnmark, en Laponie, il est bien plus rigoureux. Ainsi, au cœur de la période hivernale, les températures sont relativement similaires à Oslo, la capitale, et à Tromsø, par exemple, située au-delà du cercle polaire arctique. Les moyennes vont de +5 à -10 °C, avec de la neige en quantité et quelques pics de grand froid. Alors que dans les montagnes et sur le plateau du Finnmark, on peut y voir le thermomètre descendre régulièrement en-dessous de -20 °C et même encore plus bas. En revanche, l’hiver est plus long sous les latitudes les plus élevées que dans la partie méridionale du pays.

L’hiver dans le Trøndelag, comté du centre de la Norvège

Ce qui permet à la Norvège de ne pas subir un hiver complètement frigorifique, malgré sa situation septentrionale, c’est le Gulf Stream. Ce courant marin chaud nait de l’autre côté de l’océan Atlantique, dans la mer des Caraïbes, puis rejoint les côtes de l’Europe avant de plonger au niveau de l’océan Arctique. Au bout de ce long voyage, il apporte la douceur qui tempère le climat du Vieux Continent. Ainsi, les eaux qui entourent la Scandinavie ne sont jamais prises par les glaces, en tout cas, pas suffisamment pour bloquer les ports et les bateaux. Au contraire, le Groenland et le Nord du Canada, qui se trouvent sur les mêmes latitudes mais ne bénéficient pas de courant chaud, sont marqués par des hivers beaucoup moins cléments.

Une autre caractéristique de l’hiver norvégien est le rallongement de la durée de la nuit. Si ce phénomène existe aussi dans le Sud de l’Europe, il est plus extrême dans le Nord, notamment dans la zone arctique. A partir du cercle polaire, il y a chaque hiver au moins une journée où le soleil ne se lève pas. Et plus l’on s’approche du pôle Nord, plus cette période d’obscurité permanente est longue. C’est ce qu’on appelle la nuit polaire. A Tromsø, elle s’étend de fin novembre à mi-janvier. Cependant, quand le soleil effleure l’horizon, même sans le dépasser, le ciel s’illumine légèrement et prend des allures de crépuscule. Puis, dès qu’il pointe de nouveau le bout de son nez, le ciel se pare de nouvelles couleurs. On parle alors de « blue hour », soit « l’heure bleue ». Ces instants où le soleil est près de la ligne d’horizon s’étirent sur plusieurs heures et s’observent presque partout dans le royaume.

Coucher de soleil d’hiver, dans le Helgeland, comté de Nordland

Mais la nuit polaire a encore autre chose que les couchers de soleil interminables à nous offrir : les aurores boréales. Ces phénomènes lumineux se produisent essentiellement en hiver, dans les régions septentrionales du monde. Ils sont dûs à des vents solaires, des flux chargés en particules électrisées, comme des ions et des électrons, propulsés par le soleil vers la Terre. Lorsque ces vents atteignent la magnétosphère, la couche la plus haute de l’atmosphère terrestre, leurs particules sont dirigées vers la zone non éclairée du globe, où elles pénètrent dans la ionosphère, à environ 100 km d’altitude. Là, elles entrent en collision avec des atomes qui composent cette couche et émettent des photons, soit des particules de lumière. De couleur verte à sa base et violette en son sommet, cette lumière dessine des voiles spectaculaires dans le ciel. Ce sont les aurores boréales. Si certaines semblent immobiles ou ondulent lentement, d’autres sont animées de mouvements frénétiques, telle une danse improvisée. Et ce spectacle en plusieurs tableaux peut durer plus d’une heure. Cependant, il n’est pas assuré toutes les nuits, car il nécessite des conditions favorables, notamment une forte activité solaire et un ciel dégagé et sans pollution visuelle. Toutes les aurores non plus n’ont pas la même intensité.

Les aurores boréales se forment à une certaine de km d’altitude, dans les régions septentrionales
Les aurores boréales offrent des spectacles grandioses

L’hiver est également la saison idéale pour des activités sportives adaptées, sur neige et sur glace. Dans un pays où le ski est une véritable religion, sa pratique est possible presque partout. Des pistes de ski de fond sont tracées à de nombreux endroits, parfois à proximité des grandes villes, desquelles il suffit d’un métro ou d’un bus pour s’y rendre. Sur certaines montagnes, sont aussi aménagées des pistes de ski alpin. Quant aux lacs, lorsqu’ils sont gelés, on peut s’adonner au patinage ou bien à la pêche, en faisant un trou dans la glace. L’hiver n’est ainsi pas un obstacle au « friluftsliv », ce mot norvégien signifiant « vie à l’air libre » et qui désigne toute activité de plein air, en contact avec la nature. D’ailleurs, les Norvégiens ont un dicton bien approprié : il n’y a pas de mauvais temps, il n’y a que de mauvais vêtements.

Un second concept que l’on peut associer à l’hiver est le « kos », soit le confort chaleureux de son foyer. Ingrédient principal du bonheur à la norvégienne, il décrit le fait de se sentir à l’aise dans un intérieur, grâce à une atmosphère agréable et apaisante. Quand il fait froid dehors, on apprecie d’autant mieux le feu réconfortant d’un poêle et la chaleur d’un plaid, tout en buvant une grande tasse de chocolat chaud. C’est souvent par cette image que le kos est illustré. Mais c’est aussi un style de décoration, où l’on priviligie un mobilier épuré et des matières naturelles. On allume des bougies aux fenêtres et préfère les lumières douces et tamisées. On reste aussi un peu plus souvent chez soi et passe des moments en famille, à jouer à des jeux de société ou à faire de la cuisine.

Malheureusement, en conséquence du changement climatique, l’hiver en Norvège n’a plus tout à fait le même visage qu’avant. Des températures plus douces apportent de la pluie au lieu de la neige, et les paysages ne sont blancs que par intermittence. On enchaîne parfois des épisodes de tempêtes de neige avec des déferlantes de pluie. Les redoux précoces sont plus fréquents, ce qui donne des jours printaniers au beau milieu de l’hiver. La nature, mais pas seulement, en est toute chamboulée.

L’hiver reste malgré tout une saison unique et belle pour ceux qui savent l’apprécier.

Lac gelé dans le Trøndelag

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