Reykjavík est la capitale de l’Islande, pays insulaire situé dans l’Atlantique Nord, entre la Norvège et le Groenland. Avec 140 000 habitants, elle est une des plus petites capitales d’Europe, ainsi que la plus septentrionale de tous les pays du monde. Son histoire remonte à l’époque des Vikings, lorsque vers l’an 874, le Viking norvégien Ingólfur Arnarson installe sa ferme en un lieu aujourd’hui occupé par la capitale islandaise. Il le nomme Reykjavík, ce qui signifie en norrois la « Baie des fumées », en raison des fumerolles de vapeur soulevées par les sources d’eau chaude à proximité.
L’histoire de l’Islande est étroitement liée à celle de la Norvège, puisque que le premier navigateur à avoir atteint et décrit l’île est un Norvégien du nom de Flóki Vilgerðarson. Surnommé Hrafna-Flóki, soit « Flóki aux Corbeaux », des oiseaux qui étaient ses compagnons d’aventures, il explore vers 868 le littoral de l’île et la nomme Ísland, ce qui se traduit par « L’île de glace ». De retour en Norvège, son récit inspire d’autres Vikings, qui entament alors la colonisation de l’Islande. En 930, ils instaurent un parlement à Þingvellir (ou Thingvellir), considéré comme le plus vieux du monde encore existant de nos jours. Puis, en 980, Erik le Rouge part d’Islande et découvre le Groenland, avant que vers l’an 1000, son fils Leifur Eiríksson (ou Leif Eriksson) n’atteigne l’Amérique à Terre-Neuve.
Pendant des siècles, l’Islande est ainsi une colonie du royaume de Norvège. En 1262, elle en est officiellement un territoire, jusqu’à sa prise de possession par le Danemark au milieu du XVIe siècle, après l’union des deux royaumes. Son parlement est même suspendu en 1799, puis rouvert en 1844 par le roi danois Christian IX. En 1874, l’île se dote d’une constitution, assurant son autonomie tout en confirmant son appartenance au royaume de Danemark. Enfin, en 1944, au sortir de la Seconde guerre mondiale, lors de laquelle elle était occupée par les troupes britanniques, l’Islande obtient son indépendance et devient une république. En tant que capitale, Reykjavík s’est beaucoup développée, passant de simple village de pêcheurs à ses débuts à désormais ville moderne et dynamique.
Depuis toujours, les Islandais sont très fiers de leurs origines vikings, principalement issues de Norvège et du Danemark. Leur langue est restée très proche de celle que parlaient leurs ancêtres, ce qui en fait une langue ancienne et complexe, et le système patronymique demeure à la place de celui des noms de famille. C’est-à-dire que, comme le faisaient les Vikings, les enfants reçoivent à la naissance un patronyme composé du prénom du père (à la forme génitive) plus la terminaison -son pour les garçons et -dóttir pour les filles. Il est cependant possible d’avoir un matronyme, constitué à partir du prénom de la mère, ou bien de conserver un nom de famille.
En revanche, l’Islande est aussi un pays moderne, souvent complimenté pour son modèle démocratique et sa société égalitaire, notamment dans son rapport hommes-femmes. Les Islandais ont d’ailleurs été les premiers au monde, en 1980, à élire une femme à la présidence de la République, en la personne de Vigdís Finnbogadóttir. Elle a ensuite été réélue à trois reprises en 1984, 1988 et 1992. Quant à son parlement, l’Alþingi (ou Althing), qui siège à Reykjavík depuis 1844, il existe dès l’an 930 et est ainsi le plus vieux du monde.



Le monument le plus emblématique de Reykjavík est certainement la Hallgrímskirkja, une église construite dès 1945 et inaugurée en 1986. Toute en béton, son architecture s’inspire des colonnes basaltiques, des formations d’origine volcanique courantes dans les paysages islandais. Haut de 74,5 m, son clocher est le bâtiment le plus élevé de la ville. On y jouit d’ailleurs d’une vue exceptionnelle sur Reykjavík, d’autant plus que l’église est bâtie sur une colline. A l’intérieur, son style est épuré, comme l’est la plupart des églises protestantes. Elle est dédiée au pasteur et poète Hallgrímur Pétursson (1616-1674) et est le cadre d’offices religieux, de concerts et de lieu d’exposition d’œuvres d’art moderne. Sur son parvis, trône également la statue de Leifur Eiríksson.




Comme dans les autres pays nordiques, les rues de Reykjavík sont colorées. Cependant, la plupart des maisons n’est pas en bois mais en pierre. En effet, il n’y a que très peu de forêts qui recouvrent l’île, en raison d’une terre pauvre et d’un climat venteux. La matière première pour construire des habitations, contrairement aux voisins scandinaves, ne vient donc pas des arbres mais plutôt du sol.
Toutefois, une maison de Reykjavík déroge à cette règle. Reconnaissable à sa façade en bois blanche, la maison Höfði a d’abord été préfabriquée dans l’Est de la Norvège, d’où elle doit son style architectural. Ensuite bâtie dans la capitale islandaise en 1909, elle a été les murs de l’ambassade de France, puis successivement la résidence de l’ingénieur Einar Benediktsson, de l’artiste Louisa Matthíasdóttir et de l’ambassade du Royaume-Uni. Rachetée en 1958 par la ville de Reykjavík, elle a servi à plusieurs évènements politiques et diplomatiques nationaux et internationaux, dont la rencontre, en 1986, entre les présidents Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev. Devant les caméras du monde entier, les États-Unis et l’Union Soviétique mettaient alors fin à la Guerre froide, ici, dans une petite maison en Islande.



Tournée vers la nature, Reykjavík dispose de nombreux parcs, dont Laugardalur, et de points d’eau, comme Tjörnin, un étang au cœur de la ville. En hiver, il gèle et devient une immense patinoire populaire. Enfin, la plage de Nauthólsvík propose aux baigneurs un lagon artificiel, où les eaux froides de l’océan se mêlent à celles des sources géothermiques pour une température idéale.
Quant à la vie culturelle, elle a lieu dans les musées de la ville, dont le Musée national d’Islande, la Galerie nationale, l’écomusée d’Árbær et ses anciennes habitations reconstituées, ou encore le célèbre Musée du phallus et sa collection d’exemplaires en tous genres. De plus, la salle de spectacle Harpa, située sur le port, accueille régulièrement des concerts, tandis que le musée Perlan abrite une grotte de glace et joue un show interactif sur le thème des volcans.
En s’éloignant un peu de la ville, on peut découvrir la péninsule d’Álftanes, dont le nom signifie le « Cap du cygne ». Située au Sud de Reykjavík, dans la commune de Garðabær, c’est une bande de terre avancée sur la mer à l’atmosphère champêtre. C’est là que se trouve la résidence officielle du président de la République islandaise. Mais c’est surtout un véritable écrin naturel, sur le littoral duquel de nombreuses espèces d’oiseaux sont présentes. Des chemins de randonnée y longent des prés où gambadent des chevaux et des moutons, et un golf permet aux amateurs de greens d’exercer leur swing.
Un peu plus au Sud, à Hafnarfjörður, on découvre au musée de la ville l’histoire de ce petit village de pêcheurs devenu la troisième commune la plus peuplée d’Islande. Tous les ans au mois de juin, un festival sur les Vikings se tient dans son parc et promet aux visiteurs un voyage dans le temps.
Sans oublier l’île de Viðey, accessible en ferry depuis Reykjavík pour de longues balades sur les chemins, ou encore le Sky Lagoon, un spa ouvert en 2021 à Kópavogur. Chauffé par une source géothermique, il assure une expérience de relaxation exceptionnelle.





Mais l’Islande est avant tout une merveille de la nature. Beaucoup d’excursions partent de Reykjavík, soit en bateau depuis le port, soit en bus. En mer, des sorties permettent d’aller à la rencontre des baleines et autres cétacés, ou bien de longer la côte et d’observer les colonies d’oiseaux, notamment les macareux. Cet oiseau marin, appelé aussi perroquet de mer, est un cousin du pingouin. Reconnaissable à son plumage noir et son bec coloré, son effigie est omniprésente dans les boutiques de souvenirs, en peluche, en statuette ou encore en carte postale.
Quant aux excursions terrestres, le circuit du Cercle d’or, proche de la capitale, relie trois sites emblématiques de l’Islande. D’abord, Þingvellir, qui est le lieu où a été fondé en 930 le parlement islandais. C’est aussi ici que les plaques continentales européenne et américaine se séparent. Elles y forment une faille aux parois parfois hautes de plusieurs mètres. Ce rift, issu de la dorsale Atlantique, un relief sous-marin d’où émergent des îles dont l’Islande, est depuis le début du XXe siècle donné en exemple pour expliquer la théorie de la dérive des continents. L’Allemand Alfred Wegener, auteur de la théorie en 1912, a d’ailleurs développé cette idée en étudiant la faille de Þingvellir.
Ensuite, au champ géothermique de Geysir, se trouvent plusieurs geysers. Le site a ainsi donné son nom à ce phénomène, lequel voit de l’eau être régulièrement éjectée depuis le sol. Cette eau, chauffée par des rivières de magma coulant en profondeur, atteint des températures entre 80 et 100°C. De plus, du gaz volcanique s’y infiltre et propulse violemment de l’eau en l’air lorsqu’il s’échappe. Ce qui procure aux panaches de vapeur une odeur sulfurée, comparable à celle d’un œuf dur. Aujourd’hui, le geyser le plus actif est le Strokkur, qui crache toutes les six à dix minutes des jets d’eau pouvant dépasser une vingtaine de mètres.
Enfin, la cascade de Gullfoss, soit la « Cascade d’or » en islandais, offre un spectacle impressionnant. Sur la rivière Hvíta, elle déverse des masses d’eau dans une étroite gorge, dominée par des parois d’orgues basaltiques. Convoitée dès le début du XXe siècle par des compagnies énergétiques pour en faire une centrale hydroélectrique, elle a été défendue par les habitants de la région. Propriété de l’Etat islandais en 1940, elle est protégée depuis 1979.








D’autres incontournables de l’Islande sont accessibles depuis Reykjavík, comme le Blue Lagoon, un lagon naturel. Situé près de Grindavík, sur la péninsule de Reykjanes, il est remarquable par son eau chauffée naturellement à 40°C ainsi que sa boue riche en silice. Ce qui lui confère une couleur d’un bleu laiteux unique au monde.
On peut aussi citer la magnifique péninsule de Snæfellsnes, connue pour la montagne de Kirkjufell, les majestueuses cascades de Dettifoss, Seljalandsfoss et Skógafoss, la plage de sable noir de Reynisfjara ou bien les glaciers immaculés de Langjökull, Hofsjökull et Vatnajökull. Ce dernier, le plus vaste d’Europe, abrite le lac de Jökulsárlón, célèbre pour ses icebergs et sa plage de diamants, surnommée ainsi en référence aux morceaux de glace qui brillent sur son sable noir.
L’Islande étant une île volcanique encore très active, elle est souvent frappée par des éruptions. Parmi les plus récentes, une éruption sous-marine s’est déroulée de 1963 à 1967, au large des îles Vestmann, et a donné naissance à une nouvelle île, qui a émergé de l’océan : l’île de Surtsey.
En 2010, c’est le volcan Eyjafjallajökull qui a craché un gigantesque nuage de fumée et de poussière, perturbant le trafic aérien international pendant plusieurs semaines. Enfin, en 2021, le Fagradalsfjall s’est réveillé après huit siècles de sommeil, libérant des coulées de lave près de la ville de Grindavík. Son éruption n’est toujours pas terminée et du magma s’échappe de temps en temps de ses failles. S’il attire les touristes, il est très dangereux de s’approcher d’un volcan en éruption, principalement à cause des projections de gaz toxiques et de roches (appelées scories).






L’Islande est un pays de contrastes, où le feu des volcans rencontre le froid des glaciers. Ses paysages, semblant être d’une autre planète, témoignent d’une nature rude et authentique. Des plaines verdoyantes et venteuses aux montagnes sombres et nues, en passant par les cascades vertigineuses et les colères des geysers, l’île est un monde unique. Et Reykjavík est son cœur battant.
