Stavanger, la ville viking

Avec 140 000 habitants, Stavanger est la quatrième ville de Norvège par sa population après Oslo, la capitale, Bergen et Trondheim. Située au Sud-Ouest du pays, elle est la capitale du comté de Rogaland ainsi que le cœur historique de la région de Jæren, terre au riche passé viking. Fondée dès le Xe siècle sur les rives du Boknafjord, à l’emplacement d’un port naturel, elle a depuis longtemps joué un rôle très important dans la région. Elle a notamment été le point de départ d’expéditions vikings vers les îles Britanniques ainsi que les colonies norvégiennes en Atlantique Nord. Aujourd’hui, elle a retrouvé son importance en étant au centre de l’exploitation des hydrocarbures en Norvège. Sa position stratégique sur la mer du Nord, où se trouve la plupart des gisements, lui permet d’être la base des principales compagnies pétrolières du pays.

Mais Stavanger reste avant tout une ville au charme intact, dont les vieux quartiers ont su traverser le temps. Le Vieux Stavanger, ou Gamle Stavanger, est d’ailleurs l’un des ensembles de maisons en bois le mieux conservé d’Europe. On y compte pas moins de 173 habitations datant des XVIIIe et XIXe siècles, dont la plupart a été restaurée au cours des dernières décennies. Egalement surnommé « Straen », il est situé sur une petite colline surplombant le port. Toutes les maisons sont peintes en blanc, alignées les unes à côté des autres le long d’étroites ruelles pavées. Leurs façades immaculées sont cependant égayées de fleurs de toutes les couleurs, desquelles les habitants prennent quotidiennement soin, soucieux d’entretenir et embellir leur quartier. On ressent en s’y promenant la quiétude d’un monde hors du temps, comme un voyage quelques siècles en arrière.

Ruelle fleurie du Vieux Stavanger

De l’autre côté du port, on trouve un quartier plus animé et coloré, où de nombreuses boutiques et autres restaurants et cafés se sont installés entre les murs de vieilles maisons en bois. On peut ainsi déambuler ou prendre un verre dans l’Øvre Holmegate, surnommée « Fargegaten », soit « la rue des couleurs ». C’est une petite rue dont chaque maison est d’une couleur différente et où l’ambiance festive est assurée par les restaurants qui organisent régulièrement des évènements.

La Fargegaten est aussi animée que colorée

Tout près de la Fargegaten se trouve le Musée norvégien du pétrole (Norsk Oljemuseum), dont l’architecture rappelle une plateforme pétrolière posée sur le port. Ouvert le 20 mai 1999, il retrace l’histoire de l’industrie pétrolière norvégienne, de la découverte de gisements d’hydrocarbures dans les années 1960 en mer du Nord jusqu’à leur exploitation. On apprend comment le pétrole est extrait, acheminé puis transformé, mais aussi quelles sont les nouvelles technologies qui permettent de réduire l’impact environnemental de l’activité pétrolière ainsi que celles qui utilisent les énergies renouvelables, comme l’hydrogène et l’éolien offshore.

En face du musée, le Geopark, un parc de jeux urbain, a été construit avec des objets et des matériaux recyclés, issus de l’industrie du pétrole. Dans un univers coloré, on peut jouer au beach-volley, faire du skate-board ou du vélo dans un skate-park ou bien assister à des concerts et des spectacles divers et variés, organisés par le musée.

En tant que capitale du pétrole norvégien, Stavanger est le siège de l’entreprise Equinor, anciennement Statoil, la plus grande société du secteur de l’énergie en Scandinavie. Le Directorat du pétrole norvégien (Oljedirektoratet) y est aussi installé et à pour rôle d’en gérer la production. Les nombreux emplois générés par l’exploitation des ressources naturelles ont attiré depuis longtemps beaucoup de monde, dont une part importante d’étrangers, ce qui fait de la ville un univers cosmopolite et international. L’université de Stavanger propose également des enseignements spécifiques, centrés sur l’industrie pétrolière et les énergies offshores.

Si la Norvège a profité grandement de l’exploitation des hydrocarbures pour s’enrichir et élever de façon spectaculaire le niveau de vie de ses habitants, Stavanger a été la première ville à bénéficier des revenus de l’or noir. Elle a désormais conscience qu’il est temps d’imaginer un avenir sans pétrole.

Le musée du pétrole norvégien
Deux engins indispensables à l’exploitation du pétrole : une foreuse et un sas permettant d’intervenir sur les pipelines sous-marins

Près du centre-ville se dresse la tour de Valberg, un édifice de pierre de 26 m de haut érigé sur une petite colline en 1853 afin de surveiller les incendies. Auparavant, c’était une tour de bois qui donnait l’alerte, notamment en 1633 et en 1684, quand deux grands feux ont détruit plus de la moitié de la ville. La tour de Valberg a été occupée par un garde jusqu’en 1922 et est maintenant un musée consacré à son histoire, d’où l’on peut profiter d’une vue imprenable sur le port.

Le port lui-même est un lieu de vie incontournable de la ville, avec ses quais colorés où se trouvent de nombreux restaurants et boutiques. Avec la place attenante, il est le lieu où se tiennent des évènements culturels, tel que le festival Gladmat, qui célèbre tous les ans la gastronomie d’ici et d’ailleurs en réunissant un large choix de stands de restaurateurs du monde entier et de producteurs locaux. Il est même considéré comme le plus grand festival culinaire en Scandinavie.

Stavanger est d’ailleurs un centre majeur pour la gastronomie en Norvège, puisque la ville accueille depuis 2008 l’Institut norvégien pour la gastronomie (Gastronomisk Institutt), qui a pour but de soutenir les professionnels de la restauration ainsi que de promouvoir l’art culinaire auprès du grand public. La même année, Stavanger a organisé le Bocuse d’Or Europe, un concours gastronomique qualificatif pour le Bocuse d’Or, l’équivalent d’un championnat du monde de cuisine et organisé tous les deux ans à Lyon. C’est alors le chef norvégien Geir Skeie qui en est sorti vainqueur, s’inscrivant parmi les cinq succès de la Norvège depuis 1993. Enfin, le restaurant RE-NAA, où officie le chef Sven Erik Renaa, est fier de ses deux étoiles au guide Michelin.

Le port de Stavanger avec la tour de Valberg en arrière-plan

Mais avant d’être la capitale du pétrole et de la gastronomie, Stavanger a d’abord été une capitale viking. Elle est une des plus anciennes villes de Norvège, dont les vestiges les plus vieux ont été datés du Xe siècle. Cependant, des Vikings étaient déjà installés dans la région de Jæren dès le siècle précédent. Preuve en est par la découverte, dans le quartier actuel de Gausel, de la tombe d’une femme richement décorée, notamment d’objets d’art d’origine irlandaise. Ces artefacts ont donné de précieuses informations sur les rites funéraires des Vikings ainsi que sur leurs échanges commerciaux avec les îles Britanniques.

A cette époque, Jæren était un centre de pouvoir très important, d’où les Vikings partaient pour leurs périlleuses campagnes au-delà des mers. Grâce à sa position sur le Boknafjord, qui forme un vaste port naturel, ouvert à la fois sur la mer du Nord et l’océan Atlantique, la région pouvait étendre son influence sur un large territoire. Ses plaines permettaient aussi le développement d’une riche agriculture.

De plus, en 872, le Hafrsfjord (prononcer « haversfyour »), un fjord situé au Sud-Ouest de Stavanger, a été le théâtre d’une bataille cruciale dans l’histoire de la Norvège. Le roi Harald Ier Halfdansson, dit « à la Belle Chevelure », a alors affronté une alliance de chefs vikings de l’Ouest du pays. Après sa victoire, il a unifié la Norvège en un seul royaume, sur lequel il a régné jusqu’en 931. En 1983, pour commémorer cet évènement millénaire, le roi Olav V a inauguré sur les rives du Hafrsfjord l’œuvre d’art « Sverd i fjell », soit « Les épées dans les rochers », laquelle représente trois épées en bronze de près de dix mètres de hauteur enfoncées dans la roche. Les trois épées symbolisent les trois rois qui se sont battus, tandis qu’elles ont été plantées dans le sol pour ne plus en être retirées, comme un message de paix.

Quant à la ville de Stavanger à proprement parler, elle est d’abord connue sous le nom norrois de Stafangr et a probablement été fondée sous le règne de Håkon Ier, fils de Harald Ier. Puis elle a été la capitale du chef Erling Skjalgsson au début du XIe siècle avant d’être érigée en évêché aux alentours de l’an 1120. Les nombreuses églises qui ont été construites lui ont valu un statut de ville religieuse majeure jusqu’à la Réforme protestante du XVIe siècle. Plus tard, au XIXe siècle, elle a vu le départ de milliers d’immigrés norvégiens vers les États-Unis.

« Les épées dans les rochers » commémorent la bataille de Hafrsfjord en 872

Stavanger est également le point de départ pour des randonnées vers le Lysefjord, un des fjords les plus beaux de Norvège, où l’on peut se lancer à l’assaut de la Preikestolen, ou la Chaire, une falaise emblématique. Des bus spécialement affrétés font la liaison entre le centre-ville et le départ du chemin qui mène à la Preikestolen. On y trouve un point d’information, un restaurant et une boutique de souvenirs où il est possible de louer du matériel de randonnée.

La randonnée, sur un parcours exigeant mais accessible, fait quatre kilomètres et prend entre une heure et demi et deux heures à l’aller. Sur un dénivelé de plus de 300 m, on alterne entre des marches en pierre, des passerelles en bois et des sentiers à flanc de montagne, tracés par des sherpas népalais.

Apparaît alors la Chaire, une falaise de granite surgissant de la montagne et surplombant le Lysefjord du haut de ses 604 m. Cet immense rocher rectangulaire semble avoir été posé là par un géant comme une chaise au-dessus du fjord, d’où son nom rappelant le siège surélevé d’une église.

La Preikestolen attire de nombreux curieux

D’autres randonnées autour du Lysefjord offrent de belles rencontres, comme le promontoire de Flørli et son escalier en bois le plus long du monde avec ses 4 444 marches et le rocher de Kjerag, un bloc de granite coincé entre deux parois rocheuses au-dessus du vide. Pour y accéder, on peut prendre le ferry qui va de Stavanger jusqu’à Lysebotn, d’où s’élève une route pittoresque qui serpente sur les hauteurs du fjord.

De plus, niché tout près de l’entrée du fjord, le village de Jørpeland est le camp de base idéal pour tous les amoureux de randonnées. Il dispose de nombreuses possibilités de logements et d’emplacements pour camping-cars et est régulièrement relié à Stavanger par bus et ferry. C’est aussi une charmante petite ville avec de nombreuses activités à découvrir.

La culture aussi a une place importante à Stavanger, avec par exemple le Musée de la marine (Sjøfartsmuseum), le Musée archéologique (Arkeologisk museum), le Musée d’histoire naturelle (Naturhistoriske museum), le Musée des enfants (Norsk Barnemuseum), le Musée de la conserverie (Norsk Hermetikkmuseum) ou encore le Musée d’art (Stavanger Kunstmuseum). Quant à la BGE Contemporary, c’est une galerie d’art consacrée à l’art contemporain ouverte depuis 2014. La ville est également le lieu d’expression d’artistes de rue, dont les œuvres se découvrent au gré des balades.

Enfin, Stavanger est une ville sportive, où évoluent trois équipes professionnelles dans les sports collectifs les plus populaires en Norvège : le Viking FK en football, les Stavanger Oilers en hockey sur glace et le Viking Håndball en handball. Elle accueille aussi tous les ans la coupe du monde de patinage de vitesse et est régulièrement sur la route des coureurs du Tour de Norvège cycliste.

Entre modernité et authenticité, Stavanger est une ville agréable et dynamique, au cœur d’une région à la fois chargée d’histoire et sculptée par la nature.

Sites internet à visiter :

Stavanger en Norvège

The Stavanger region – Fjord Norway

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