Røros est un village situé au Sud du comté de Trøndelag, au pied du massif du Dovrefjell. Il est très célèbre en Norvège pour ses nombreuses maisons en bois traditionnelles datant des XVIIe et XVIIIe siècles, ainsi que ses anciennes mines de cuivre qui en ont fait une cité prospère. Surnommé « Bergstaden », soit « la ville minière », il revêt un aspect issu d’un autre temps. Un caractère historique et unique qui lui a valu d’être inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco en 1980.
Cependant, avant d’être une cité minière renommée, Røros n’était qu’une simple localité perdue dans la montagne, habitée par les Samis, le peuple autochtone de la Laponie, lesquels vivaient de l’élevage de rennes. Toujours présents, mais seulement en petit nombre, les Samis de Røros appartiennent à la communauté des Samis du Sud et appellent le village Plaassje dans leur langue. Majoritairement installés dans les régions les plus au Nord, ils forment ici le peuplement sami le plus méridional de toute la Scandinavie.

Mais, au XVIIe siècle, à la suite de la découverte de cuivre dans les environs du village, la vie des habitants a été chamboulée et la première mine a été ouverte en 1644. Dès lors, de nombreux hommes, à la recherche d’un travail, ont été embauchés et sont arrivés de tout le pays. Certains venaient même de l’étranger et en particulier d’Allemagne, d’où l’origine de certains noms de personnes ou de lieux. Ils s’installaient donc au village et bâtissaient de nouvelles fermes pour leur famille. Ces fermes permettaient de produire assez de nourriture pour subvenir aux besoins du village, pendant que dans les mines, on extrayait des tonnes de cuivre.
Pour exploiter ce métal indispensable, les mineurs devaient d’abord arracher d’immenses quantités de roches, qu’ils allaient chercher dans de profondes galeries creusées dans la montagne. Pour fragmenter la roche, ils allumaient des feux dans les galeries, puis remontaient les minerais à la surface à l’aide de chariots tirés par des chevaux. Grâce à la rivière, les mineurs pouvaient aussi utiliser la force hydraulique avec des roues à aubes, lesquelles actionnaient un système mécanique de cordages et d’engrenages, facilitant la remontée des matières premières ou bien le pompage de l’eau dans les galeries. Ensuite, pour extraire le cuivre pur de la roche, les minerais étaient brûlés plusieurs fois jusqu’à obtenir le métal désiré. Cette activité n’était pas sans conséquence sur l’environnement puisque des hectares de forêts ont été abattus en quête de combustible, tandis que le brûlage des minerais dégageait des fumées de sulfure toxiques.



Toutefois, les méthodes d’extraction se sont modernisées au fil du temps et sont devenues plus efficaces et moins nocives. Mais face à la perte de rendement du site, la dernière mine a été définitivement fermée en 1977, soit 333 ans après son inauguration. Pendant ces trois siècles d’exploitation, les mines de Røros ont exporté de grandes quantités de cuivre dans toute l’Europe. Du temps de la domination danoise de la Norvège, ce cuivre a notamment servi à couvrir la toiture de la Bourse de Copenhague, ainsi qu’à soutenir la production d’armes en période de guerre.
Aujourd’hui, il ne reste que quelques bâtiments témoins de l’activité minière, dont la Smelthytta, le lieu où était fondu le métal et qui abrite désormais le Musée de Røros (Rørosmuseet). Ce dernier retrace l’histoire de la mine en présentant aux visiteurs des objets anciens et des maquettes animées de la mine. De plus, il dispose également de collections de costumes traditionnels locaux et possède un espace dédié à diverses expositions temporaires.
Quant aux mines elles-mêmes, seule la mine Olav, située à quelques kilomètres du village, dans la zone de Storwartz, est ouverte au public. Dernière a avoir été exploitée avant la fermeture du site en 1977, elle est connectée avec deux autres mines plus anciennes et descend jusqu’à 90 m de profondeur. Les visiteurs sont alors invités à découvrir les galeries souterraines et vivre un instant le quotidien des mineurs.

Cependant, le village de Røros a su conserver son identité, forgée par son histoire minière. Il est toujours dominé par des terrils (appelés localement « Slegghaugan »), monticules constitués de plusieurs mètres de terre de déblai, à la couleur noire et à l’aspect ferreux. Au pied de ces terrils, des maisons en bois ont été construites, dont les plus anciennes sont reconnaissables à leurs façades sombres et leurs toits recouverts d’herbe. Les plus emblématiques se trouvent en haut de la Sleggveien, une petite rue en pente menant directement aux terrils, et sont au nombre de cinq. Langs-stuggu, Tyri-stuggu, Per-stuggu, Bokkstuggu et Spjell-stuggu étaient habitées par des laboureurs, des artisans et des personnes sans terre ni travail permanent. Elles sont dorénavant la propriété du musée et peuvent être visitées en été.



Quant à l’église de Røros, elle a été construite en 1784 et financée par la mine, dont elle arbore l’emblème sur sa façade. Avec une capacité de plus de 1 600 places assises, elle est la cinquième église de Norvège. Surnommée « Bergstadens Ziir », soit « la fierté de la ville minière » dans le dialecte local, elle est une figure incontournable du village ainsi que le lieu de nombreux événements religieux et culturels.

Dans les rues étroites et escarpées du village, de nombreuses boutiques et restaurants ont investi d’anciennes demeures. D’autres vieilles maisons sont reconverties en hôtels, prisés des touristes à la recherche d’authenticité. On croise même régulièrement des calèches tirées par des chevaux, dont l’arrivée est annoncée par le son de leurs clochettes. Celles-ci transportent des visiteurs et font gaiement tour du village. Enfin, le marché de Noël, organisé dans la Kjerkgata, la rue principale, est un des plus renommés de Norvège.






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